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  • : OGM : environnement, santé et politique
  • : Actualité et faits scientifiques sur les OGM. Postmodernisme en science.
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Introduction

Le propriétaire de ce site ne dit pas si les OGM c’est bien ou mal, s’il faut en manger ou pas. Il n'est payé ni par Monsanto, ni par Carrefour, ni par Greenpeace... (lire la suite).    

Ses analyses sur les biotechnologies ont été poursuivies sur le cadre idéologique plus large, celui de la postmodernité.

 

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L'auteur

Marcel Kuntz est biologiste, directeur de recherche au CNRS et enseignant à l’Université Grenoble-Alpes, ses seules sources de revenus. Ses analyses n'engagent pas ses employeurs.

 

Nouvel ouvrage:

De la déconstruction au wokisme. La science menacée.

Notes pour la Fondapol (téléchargeables)

Glyphosate, le bon grain et l'ivraie

 

Précédent : L'affaire Séralini: l'impasse d'une science militante

Autres ouvragescouv grand public :

OGM, la question politique

 

 

 Les OGM, l'environnement et la santé  

 

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25 septembre 2020 5 25 /09 /septembre /2020 09:13

Note de lecture du livre Les gardiens de la raison. Enquête sur la désinformation scientifique,

de Stéphane Foucart, Stéphane Horel et Sylvain Laurens

 

Par Marcel Kuntz

En tant que défenseur de la méthode scientifique et de l’utilisation de la Raison, cela aurait été pour moi une grande déception de ne pas être cité dans ce livre. Je remercie les auteurs de me faire l’honneur de me nommer 17 fois ! Merci, mais c’est trop vraiment !

Je note cependant dans ce livre plusieurs erreurs factuelles ou approximations me concernant (j’ai vu, sans les consulter, que d’autres personnes citées font la même remarque ; voir en bas de ce post), ce qui entachent la crédibilité de ce livre. Sans être un spécialiste, il me semble qu’il existe une pratique journalistique nommée « interview » et qu’elle permet d’éliminer les erreurs de ce type : je n’ai jamais été contacté par les auteurs…

 

Voici mes remarques plus précises.

Pages 30 et 31. Je suis cité à juste titre (merci !) comme auteur d’un rapport sur « L ’affaire Séralini, L’impasse d’une science militante » (téléchargeable gratuitement sur le site de la Fondapol ; 5 euros la version papier).

Il est affirmé dans le présent livre, toujours à juste titre, que cette affaire « est une référence majeure », mais non comme le prétendent les auteurs « dans l’imaginaire collectif de cette communauté souterraine » (on notera le mépris pour tous ceux scientifiques, journalistes et autres qui se sont intéressés à ce scandale), mais dans l’histoire de la « science » parallèle.

Je suis également désigné comme « membre de l’Afis ». Comme dit plus haut, une simple interview aurait amené les auteurs à corriger cette erreur (je n’ai rien contre l’Afis et j’admire l’exploit qui consiste à publier sa revue tous les trimestres, sans grands moyens, mais il me semble que la situation actuelle nécessiterait de fournir des précisions scientifiques dans un délai plus court, ce qui me motive plus).

 

Page 39.

« Dans cette salle se trouve une grande partie du casting de ce livre, ainsi que les principales idées d’une force politique qui semble encore ignorer ce qu’elle est. Des industriels et leurs organisations représentatives (l’Union des industries de la protection des plantes –  UIPP  –, Bayer/ Monsanto, l’Association nationale des industries alimentaires – Ania). Ses relais professionnels (les chambres d’agriculture, le Groupement national interprofessionnel des semences et plants, la FNSEA, le Syrpa). Ses communicants (Gil RivièreWekstein, l’agence Protéines et Serge Michels). Ses experts (JeanPaulKrivine, Hervé Le Bars, Marcel Kuntz). »

En réalité, je n’ai pas participé à une telle réunion. Ce qui est d’ailleurs sans intérêt. Ce qui est plus intéressant est la description de cette réunion par les auteurs (« ce petit monde en soussol ») : l’insistance à mentionner que cette réunion a eu lieu dans une salle située en sous-sol (les mots « cave » et « souterrain » sont même utilisés), à donner l’impression d’un grouillement et la mention d’un détail anecdotique (« petit problème d’éclairage dans la cave. Un court instant, les autres intervenants sont plongés dans les ténèbres ») donne l’impression que les auteurs décrivent des rats cachés dans l’obscurité d’une cave… A moins qu’ils ne les considèrent comme des malades mentaux (le mot « névrose » est utilisé…).

 

Page 65

Je remercie les auteurs d’avoir résisté à l’envie de parler (sauf erreur de ma part) du hoax de mes « liens avec Monsanto » (voir mon blog pour sa réfutation, si cela était encore nécessaire après des dizaines de fois…).

Ils affirment en revanche que « ce biologiste spécialisé en biotechnologie végétale a déposé un brevet avec Syngenta ». Là encore, une petite interview… aurait établi qu’en réalité, je n’ai rien déposé du tout, que je n’ai jamais été propriétaire de ce brevet (aujourd’hui je suppose dans le domaine public) et n’ai rien touché.  Je me rappelle avoir expliqué cette histoire il y a des années et suis sûr que ces journalistes « d’investigation » pointus en retrouveront la trace sur internet…

 

Sur la même page, je suis coupable par association, d’avoir cosigné un article (de discussion) qui veut «  mettre un coup de pression », devinez sur qui : l’International Society for Biosafety Research, « une plateforme de discussion entre savants, régulateurs et experts de l’industrie sur la question des biotechnologies ». Je confesse ce grave crime qui consiste à discuter avec une plateforme de discussion !

 

Page 116

« Dans son numéro de juillet 2012, Science & pseudo-sciences publie un article sous le titre : « Les abeilles, victimes de la course à l’audimat scientifique. L’auteur (c’est bien moi) y critique le protocole mis en œuvre et conteste la dose d’exposition choisie… »

Je renvoie le lecteur à cet article où je conteste en fait une méthode de communication tonitruante eu égards aux doutes que peut inspirer la méthode scientifique utilisée. Je n’aurais « aucune espèce de compétence professionnelle en apidologie ou en toxicologie de l’abeille ». Remarque savoureuse d’auteurs qui sont journalistes ou sociologue… Je précise simplement que j’ai été invité deux fois par le syndicat majoritaire des apiculteurs pour parler risque toxicologique pour les abeilles (certes des OGM, mais quand même) et que j’ai publié dans un contexte scientifique sur ce thème…

 

Page 124 à 125

« à la fin du printemps 2019. En avril, Le Point publie une interviewfleuve… La parole est alors donnée à Marcel Kuntz, spécialiste en biotechnologie végétale et… membre de l’Afis (encore non !). C’est un tout petit monde, où l’on croise toujours les mêmes individus ».

Il s’agit de l’avis du CIRC sur le glyphosate, contredit par toutes les autres agences d’évaluation des risques dans le monde (ce que les lecteurs du Monde ne savent pas, ni les lecteurs de ce livre... un peu dommage non ?). Suite de ma citation :

« Quand vous êtes dans une agence qui fait son commerce d’un classement des cancérogènes, vous avez sans doute un a priori dans ce domaine », affirmetil (c’est moi), et les auteurs de ce livre poursuivent par : « sans expliquer comment une agence de recherche scientifique pourrait bien faire « commerce » de ses avis ».

Je recommande aux auteurs de ce livre de relire la conclusion de ma note sur l’affaire Séralini, que je termine par « le précautionnisme a induit un véritable affairisme scientifique pour évaluer les risques de toutes sortes d’activités humaines, un business où tous les acteurs (chercheurs, revues, institutions scientifiques, sans oublier les médias) ont intérêt à l’identification d’un effet délétère… ».

Et si les choses ne sont pas assez explicites, chacun peut consulter mon blog (Glyphosate : pourquoi le CIRC a-t-il produit un classement aussi contestable ?) sur les liens d’intérêt avec des avocats prédateurs qui espèrent soutirer beaucoup d’argent dans le cadre de procès contre Bayer sur le glyphosate (liens d’intérêt que les lecteurs du Monde ne connaissent pas non plus… aussi un peu dommage non ?).

 

Page 127 à 128

Au sujet d’autres de mes interviews, je persiste et signe : « C’est le camp du Bien qui pense que les autres ont forcément des intentions cachées. Et si vous sortez de la bienpensance, de cette religion écologiste, tout justifie les attaques les plus violentes. »

 

Page 280

Nous abordons ici la question de l’idéologie du genre… Les auteurs écrivent : « …le biologiste américain Paul Gross vilipende la « critique féministe de la science » – une critique qui, selon lui, s’apparenterait à une forme de relativisme ou d’idéologie antiscientifique ».

« Cette prose assimilant le féminisme à une posture antiscience est aussi colportée en France par le biologiste Marcel Kuntz, figure de l’Afis (toujours non !) et grand défenseur du glyphosate (voir sur internet la teneur exacte de mes propos sur cet herbicide) que nous avons croisé à de nombreuses reprises dans ce livre (oui, encore merci !) ».

On notera encore une fois un terme méprisant (« colporté »)… Suite du texte :

« Celuici s’emporte régulièrement, et sur divers supports, contre  les études de genre ». En février 2019 par exemple, il publie dans Le Figaro une tribune contre la progression des études de genre et de l’écriture inclusive au CNRS, phénomènes dans lesquels il voit l’existence d’une idéologie ».

Je ne m’emporte pas, j’explique ! Pardonnez-moi ce clin d’œil à Audiard. A part cela, c’est parfaitement exact, et je persiste et signe (voir mon argumentaire : «  L’écriture inclusive et pourquoi elle ne devrait pas avoir cours dans les institutions scientifiques ».

Les auteurs poursuivent : « L’écrasante majorité des études sur le sujet témoignent pourtant de l’exact inverse. Les discriminations liées au genre sont banales et répandues dans le milieu scientifique ». Ces études proviendraient-t-elles de « sociologues » d’une même chapelle idéologique, publiées dans des revues de la même chapelle, après relecture par des « sociologues » toujours de la même chapelle ? Seraient-elles aussi crédibles que celles de Séralini sur un maïs OGM ?

 

Suite du livre : « Mais le principal danger, selon Marcel Kuntz, qui se répand aussi sur ce sujet dans des revues spécialisées en biotechnologie, viendrait de la progression du relativisme postmoderne en sciences exactes ». On notera encore une fois le grand respect des auteurs pour l’opinion des autres (je me « répands… » ; du haut niveau journalistique !). Pour le reste, c’est exact (je peux fournir mes articles sur simple demande).

 

J’arrête ici…

En conclusion

Le moins que l’on puisse dire est que les auteurs de ce livre ne s’inscrivent pas dans la longue tradition française (du moins chez certains intellectuels) des débats respectueux des autres même si l’on n’est pas d’accord avec eux… 

Je ne doute pas de la sincérité des auteurs dans leur défense de l’écologie politique. C’est leur droit. Je n’ai cependant pas identifié en quoi il était justifié d’abattre quelques arbres pour publier ce livre militant.

 

Glané sur Internet

« On est dans le quasi-factuel, le superficiel et le mépris suintant. C’est le climat général de l’ouvrage ». Par Thomas Durand

Les champions de l’intox. Par Franck Ramus

Un nouveau journalisme : de l’insinuation à l’inquisition. Par Virginie Tournay

Les naufrageurs de la raison (et de la gauche). Par Laurent Dauré

Un flot continu d'attaques mensongères et d'approximations... pour changer ! Par Jean Bricmont

Journalisme d’insinuation : après les articles, le livre. Par  AFIS

Un commentaire sur Amazon :

« Je viens de lire l’ouvrage à sa parution, vivement intéressé par le sujet abordé. Malheureusement, au fur et à mesure de ma lecture, j’ai été surpris par un grand nombre d’insinuations et de rapprochements hasardeux. Du coup, sous prétexte de dénoncer une forme de complotisme, les auteurs sombrent eux-mêmes… dans le même travers.
En outre, ils s'inscrivent la plupart du temps plus dans le procès d'intention que dans la recherche de la preuve, ce qui gâche le propos et donne à l’ensemble l’allure d’un règlement de comptes sans pour autant avoir la dimension d’un pamphlet.
C’est pour moi très décevant de voir un ouvrage manquant manifestement de toute rigueur aux éditions de la Découverte dont j’apprécie habituellement les publications ».

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7 avril 2020 2 07 /04 /avril /2020 11:13

Adapté et augmenté d'une interview par L’Express du 5/4/2020

Jamais sans doute les scientifiques n'ont été aussi omniprésents que durant cette crise sanitaire. Directeur de recherche au CNRS et enseignant à l'université de Grenoble, Marcel Kuntz se félicite que l'expertise soit de retour en grâce. Mais ce spécialiste des biotechnologies végétales déplore les détournements idéologiques qui sont faits entre coronavirus et cause écologique. Et regrette que la parole scientifique n'ait pas plus été écoutée par les politiques dans des dossiers comme les OGM ou le nucléaire.

 

Thomas Mahler : Du fait de la crise sanitaire, les scientifiques sont omniprésents dans les médias et semblent être au coeur de la décision politique. Faut-il s'en réjouir?


Marcel Kuntz : Les experts ont plutôt fait oeuvre d'explications modestes, avec une écoute généralement bienveillante des journalistes : quand il y a des morts, comme dans cette pandémie, alors la connaissance redevient une valeur. Le relativisme postmoderne en prend un coup !

Sont-ils pour autant au coeur de la décision politique ? Il est trop tôt pour se prononcer.


On notera quand même un inouï battage médiatique pour accréditer que l'apparition des pandémies virales, dont le Covid-19 serait due à une "biodiversité maltraitée". Avec à la manoeuvre une poignée de scientifiques, en l'occurrence tournés vers les milieux naturels. L'idéologie et l'envie frénétique de financement n'ont, semble-t-il, pas disparu (j'interprète : il ne faudrait pas que tout l'argent de la recherche aille dans la santé, au détriment de son propre domaine de recherche !). Les Hommes restent des Hommes... Quant à l'idéologie, qui citer de meilleur que Nicolas Hulot qui y voit "une sorte d'ultimatum de la Nature"  ? En réalité il faut faire la part des choses. En quoi la "grippe espagnole" était-elle due à la perte de biodiversité ? Les oiseaux sauvages sont en cause dans la grippe asiatique et la plus récente grippe aviaire, autrement dit la nature n'est pas forcément bonne.

 

Que pensez-vous de l'action d'un conseil scientifique épaulant directement le gouvernement dans ses décisions concernant cette épidémie?
C'est une forme de com' politique : créer un "comité scientifique" peut crédibiliser l'action gouvernementale, qui en a bien besoin. En réalité, les collaborateurs ministériels auraient été en contact avec des experts même sans ce comité. Je ne peux m'empêcher d'y voir aussi une façon pour le gouvernement de se protéger : le syndrome "sang contaminé" (c'est-à-dire le procès de ministres, dont le Premier à l'époque) obsède les politiciens. Avant tout se protéger ! Pouvoir dire : "nous avons suivi les scientifiques" pourra être une façon de diluer les mises en cause, justes ou injustes, qui ne manqueront pas de venir.

 

Le temps des scientifiques n'est pas celui de l'actualité

Regrettez-vous que la parole scientifique n'ait pas été plus écoutée sur d'autres sujets, tels les OGM ou le nucléaire?
La parole scientifique est prudente : les OGM, pour prendre cet exemple, ne posent pas de problème sanitaire particulier
, mais comme pour toute activité humaine on peut établir une liste de risque théorique, pour les anticiper. Cette approche raisonnée a peu de force par rapport aux discours catastrophistes, et est de plus brouillée par des militants qui se trouvent être aussi scientifiques, et bien plus médiatiques. De plus, le temps des scientifiques n'est pas celui de l'actualité : rappelons que la réfutation finale des allégations erronées de Gilles-Eric Séralini, qui firent la une des médias en septembre 2012 avec ses fameux rats atteints de tumeurs, a dû attendre 2018, le temps de mener de nouvelles études européennes (Lire ma note sur le sujet).

Le plus décevant a été le recul, puis le ralliement des décideurs politiques de tous bords à ces discours, pour des raisons électoralistes. Ce fut le cas aussi sur le nucléaire. Je regrette la perte délibérée de fleurons technologiques français, pour l'agriculture, la santé et la production d'énergie, etc.
A la faveur de la crise actuelle, on vient de s'apercevoir de la dépendance de la France par rapport à la Chine pour des médicaments et autres produits stratégiques. Mais nous alertons depuis vingt ans de notre vassalisation sur les biotechnologies ! Sans avoir su convaincre. Demain des médicaments issus des nouvelles biotechs seront chinois, car l'Europe s'est suicidée sur ces sujets : dans une étude publiée l'année passée,
nous avons recensé pour les Etats-Unis et la Chine (celle-ci étant en train de devenir leader) près de 900 brevets chacun et moins de 200 pour l'Europe entière dans le domaine des nouvelles biotechnologies les plus prometteuses, en premier lieu pour la santé.

 

La sociologie des sciences, dans la lignée de Bruno Latour, a-t-elle fait du tort à la crédibilité des scientifiques?
Cette chapelle de pseudo-sociologie, vraie idéologie, a envahi les institutions scientifiques, les structures de formation des élites, etc.
Son constructivisme, poussé jusqu'à l'absurde, a affirmé que les objets d'étude des scientifiques n'existaient pas en dehors des scientifiques. Et pour être cohérent dans l'absurde : que Ramsès II n'a pas pu mourir de la tuberculose parce que le bacille de Koch n'était pas connu au temps des pharaons ! Machine à non-sens, mais dont le relativisme postmoderne s'est imposé dans une certaine intelligentsia...


Elle a notamment poussé à l'introduction des "parties prenantes" dans toutes les institutions scientifiques qui ont à se prononcer sur les risques. Il faut "faire démocratique" ! Et ces parties prenantes ne sont pas les citoyens ordinaires mais leurs représentants autoproclamés les mieux organisés, les activistes les plus médiatiques (est-il "démocratique" que l'écologie politique monopolise sans partage le thème de la "protection de l'environnement" grâce à leurs puissantes organisations franchisées). Qu'apportent-ils au travail scientifique ? Rien, ils sont là pour le discréditer. La science doit devenir "participative", "citoyenne"! C'est tellement bien-pensant que peu osent s'y opposer !

 

Une initiative comme celle de la Convention pour le climat, qui a tiré au sort 150 citoyens en leur laissant six mois pour se former aux enjeux du réchauffement climatique et formuler des propositions, n'est-elle pas une bonne chose?
C'est un pur produit de l'idéologie postmoderne : toute institution établie étant soupçonnée d'abus de pouvoir, d'être impérialiste, il faut la "déconstruire" et la remplacer par une illusion démocratiste. Ici, un groupe de citoyens plutôt que des institutions scientifiques reconnues. On remarquera d'ailleurs la différence avec le comité d'experts sur le Covid-19 évoqué précédemment !
Cela étant dit, ce type de convention a été inventé par les Scandinaves, qui savent dégager des consensus sociétaux. Car c'est leur culture. Mais pour des Gaulois c'est plus difficile... En fait, les propositions finales seront grandement influencées par le cadrage idéologique initial et par le pouvoir de persuasion des intervenants venus former les citoyens. Mais peut-être serai-je contredit, et l'avis dira que, vu la contribution mineure de la France dans l'émission mondiale de gaz à effet de serre, tout ce qu'elle pourra faire n'aura aucune portée, sauf à développer des nouvelles technologies...

 

Avons-nous aujourd'hui besoin d'un journalisme construit sur des préconceptions?

Comment voyez-vous le rôle de la presse française?

Je n'aime pas les jugements collectifs, donc je ne parlerais pas de "la" presse française. Il y a des journalistes qui ont des convictions politiques sans pour autant perdre une capacité de pensée critique de la doxa (notamment écologiste). La fermeture de la centrale de Fessenheim a ainsi été souvent analysée, avec raison, comme étant politique. D'autres sujets sont traités par des nouveaux Fouquier-Tinville, vrais accusateurs publics dans des journaux "de référence" ou en prime time du "service public" de la télévision...

Avons-nous aujourd'hui besoin d'un journalisme construit sur des préconceptions, où les coupables sont désignés a priori ?
 

Les politiques ont-ils eux aussi une responsabilité dans le discrédit de l'expertise scientifique.

Le dossier "pesticides" est hautement toxique pour les... faits.

D'abord, il faut rappeler que l'agriculture biologique utilise aussi des pesticides, homologués pour ses filières. Et que les produits les plus problématiques, synthétiques ou naturels, ont déjà été progressivement interdits lors des 40 dernières années. Je suis d'autant plus serein pour parler des pesticides que je pense que les biotechnologies peuvent contribuer à réduire encore leur usage ! Mais les biotechs végétales, dont les "méchants" OGM, ont été interdits en France par les politiciens (voir mon livre).

C'est aussi illogique que d'afficher sa volonté de réduire les émissions de CO2 et "en même temps" de réduire la part du nucléaire qui contribue à l'excellent bilan carbone de la production d'électricité française...

devil

Lire aussi dans European Scientist :

Covid-19 : mettre à plat les rapports entre science et politique

 

et ma tribune sur Atlantico sur la construction d'une pensée unique en science

 

et celle dans Le Figaro-Vox:

«Le coronavirus révèle une science malade du militantisme et de l’idéologie»

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11 novembre 2018 7 11 /11 /novembre /2018 14:20
Analyse de la stratégie de l’INRA sur l’édition de génome

Certains passages (entre guillemets) du document de l’INRA sur sa « stratégie » concernant les nouvelles biotechnologies sont reproduits ici suivis de commentaires qui se veulent constructifs, mais sans complaisance eu égard à la gravité de la situation.

 

 « Face aux enjeux de la transition agro-écologique et de la résilience des systèmes alimentaires au changement climatique, l’Inra produit des connaissances et met en œuvre ses compétences et son savoir-faire pour proposer des solutions innovantes dans le domaine des productions végétales ». […] « L’Inra possède une expertise reconnue en génétique et amélioration des plantes »

 

En réalité, l’INRA a abandonné en rase campagne ses chercheurs en biotechnologies végétales et ceux qui ont œuvré pour défendre les faits scientifiques dans ce domaine. La transgénèse végétale, dans laquelle l’INRA avait beaucoup investi, n’est même plus évoquée. « Solutions innovantes » ? Oui, mais en choisissant les « innovations » pour ne pas déplaire à certains mouvements politiques ?

 

« Compte tenu de la complexité des défis à relever, l’institut mobilise, dans le cadre d’approches systémiques, les équipes de recherche dans les domaines de l’agronomie, de la génétique, des biotechnologies, de la protection des plantes, de l’écologie, des sciences numériques et des sciences sociales et économiques. Il lui apparaît en effet indispensable de combiner l’ensemble des leviers disponibles pour proposer des innovations répondant aux Objectifs de Développement Durable des Nations-Unies. »

 

En réalité, sous la pression d’un précédent Ministre de l’Agriculture, S. le Foll, qui a compris la valeur médiatique (concept-valise) de l’agroécologie (un axe de recherche parmi d’autres de l’INRA transformé en slogan), l’INRA ne combine plus « l’ensemble des leviers disponibles », mais a accepté « d’enlever des roues au tracteur ». Ainsi l’agroécologie est devenue pierre angulaire d’un affichage politique en adéquation avec l’air du temps.

 

« Les technologies d’édition des génomes font aujourd’hui partie des leviers disponibles en génétique et amélioration des plantes. Compte tenu des débats sociétaux et réglementaires relatifs à ces technologies, la direction de l’Inra souhaite clarifier sa stratégie d’utilisation de l’édition des génomes dans le cadre de ses recherches sur les végétaux, au vu de différents éléments de contexte ».

 

Cadre réglementaire européen

« L’arrêt du 25 Juillet 2018 de la Cour de Justice de l’Union Européenne indique que tous les organismes obtenus par mutagenèse sont des organismes génétiquement modifiés (OGM) et que seuls ceux issus de techniques traditionnelles de mutagenèse développées antérieurement à l’adoption de la directive n° 2001/18 sur les OGM sont exclus de son champ d’application. Les variétés dont le génome est modifié par les technologies d’édition du génome sont donc soumises aux procédures d’évaluation des risques, d'autorisation, de traçabilité et d'étiquetage des OGM, ceci même si les modifications ne se traduisent pas par l’introduction d’un fragment d’ADN exogène. »

 

Nous avons, il y a plus de 2 ans, publié divers articles, et notamment celui-ci, qui analysent les problèmes de la réglementation européenne et expliquent pourquoi les nouvelles biotechnologies vont subir le même sort que les OGM en l’état actuel de la réglementation. Nous avons, par conséquent, suggéré des approches réglementaires nouvelles.

 

Éléments de stratégie

« La stratégie de l’Inra en matière d’utilisation des technologies d’édition des génomes de plantes […] s’articule autour de 6 principes conformes aux valeurs de l’Institut et s’appuie sur l’expertise de l’Inra en matière de génétique et d’amélioration des plantes »:

1er principe – Maintien d’une capacité d’expertise en accord avec la mission de recherche publique de l’Inra.

« L’Inra considère qu’il relève de ses missions de recherche publique et de sa responsabilité sociale d’explorer les bénéfices potentiels des technologies d’édition des génomes en amélioration des plantes mais également d’analyser leurs limites et de caractériser les risques éventuels sanitaires, environnementaux ou socio-économiques des produits dérivés et des modes d’utilisation de ces produits. Il considère qu’il serait inconséquent de laisser cette responsabilité aux seuls acteurs publics et privés étrangers et de démunir la France d’une capacité d’expertise, indispensable à toute action publique sur les plans politique, réglementaire, économique et environnemental. »

 

En réalité, comme le dossier OGM l’a montré, l’action publique ne tient que rarement compte de l’expertise de la recherche publique si cette dernière ne pèse rien médiatiquement (faute de ne pas s’être doté des moyens de peser…) (voir mon livre « OGM, la question politique », PUG). Comme le montre régulièrement le Collectif Science-Technologies-Actions, cette tendance ne se limite pas aux OGM.

 

2e principe - Des technologies indispensables à l’acquisition de connaissances.

« Les nouvelles technologies d’édition du génome permettent d’explorer la variabilité génétique et d’étudier la fonction, la régulation et l’évolution des gènes, essentielles à l’amélioration des connaissances et à la compréhension du vivant. Elles contribuent à l’émergence de nouveaux fronts de science, que l’Inra se doit d’explorer. »

 

En réalité, il est illusoire (si tel est le but) de se réfugier derrière des recherches non-appliquées (améliorer la connaissance) en espérant la bienveillance des forces politiques anti-technologies, car celles-ci sont aussi devenues anti-science. L’expérience de plus de 20 ans sur le dossier des OGM montre que des mouvements anti-capitalistes radicaux ont ciblé les innovations (qui nourrissent ledit « capitalisme »), puis la science elle-même (qui nourrit lesdites « innovations »). Faute d’une stratégie cohérente des instituts de recherche publique pour la contrecarrer, cette dérive a colonisé une partie du spectre politique qui se réclamait autrefois d’être proche de la science.

 

3e principe – Utilisation des technologies d’édition du génome en amélioration des plantes.

« L’évaluation des possibilités offertes par les techniques d’édition du génome, est légitime au sein de l’Inra, en complément des outils classiquement utilisés pour l’amélioration des plantes. Les caractères et les espèces cibles seront choisis dans un objectif de bien commun, pour des usages et des systèmes de production s’inscrivant dans une logique de durabilité environnementale, économique et sociale, par exemple en vue de la réduction des pesticides de synthèse ou de l’adaptation au changement climatique. »

 

Cocher toutes les cases de la pensée médiatiquement dominante semble devenu un exercice inévitable pour les instituts de recherche publique. Les faits étant têtus, il est rappelé ici notre publication de 2015 qui analysaient les grands défis agricoles identifiés par les agriculteurs européens (principalement liés aux bio-agresseurs) dans 13 pays : pour 9 grandes cultures en Europe, 128 défis liés aux bio-agresseurs ont été identifiés. 40% de ceux-ci ne sont pas pris en compte ni dans la littérature scientifique, ni dans les programmes de recherche publics européens récents. Le secteur privé se consacre uniquement à un nombre limité de ces défis « négligés ». Par conséquent, il existe un gouffre entre les besoins des agriculteurs et les recherches effectivement menées.  

 

4e principe – Conduite des expérimentations.

« La création et la caractérisation des plantes obtenues par édition de génome sont conduites en milieu confiné, au laboratoire et en serre, dans le respect de la réglementation européenne et nationale. La justification d’essais au champ pour consolider leur évaluation agronomique, technologique et environnementale sera soumise à un comité d’experts rattaché au Directeur Général Délégué aux Affaires Scientifiques de l’Inra, avant de les soumettre aux instances prévues par la réglementation en vigueur, en France comme à l’étranger. Ce comité, dont la composition sera définie après avis du Conseil Scientifique de l’Inra, évaluera l’opportunité d’utiliser les technologies d’édition des génomes par rapport aux méthodes alternatives et la contribution potentielle des innovations variétales envisagées à la transition agro-écologique. »

 

En réalité, l’INRA ne pourra pas mener d’expérimentations au champ de telles plantes, car la première expérimentation qui serait entreprise concentrerait immédiatement l’action de groupes violents. Rappelons ici que ceux-ci se sont livrés à 80 attaques contre la seule recherche publique dans le cas des OGM (voir ma publication) et ont depuis longtemps rebaptisé d’autres technologies (non-transgéniques) « OGM-cachés » pour poursuivre leurs exactions.

En réalité, l’acte de décès des essais au champ de produits biotechnologiques a été signé le 13 juillet 2013 (ma tribune) lorsque l’INRA a du détruire sa dernière expérimentation au champ (de peupliers transgéniques) faute de réponse favorable du Ministère.

 

5e principe – Ouverture de la recherche.

« En matière d’utilisation des technologies d’édition des génomes en amélioration des plantes, l’Inra reste fidèle à ses principes d’ouverture, et encourage la co-construction de projets de recherche dans le cadre d’approches pluridisciplinaires et multi-acteurs. »

 

En réalité, et en matière de « co-construction », l’INRA ne semble pas avoir tiré toutes les leçons du fiasco de son projet « co-construit » sur une vigne au porte-greffe transgénique (Lire les détails) à Colmar, inspiré par des sociologues postmodernes.

Désemparés par les querelles politiques autour de certaines technologies, il est tentant pour les scientifiques d’appeler à la rescousse des sociologues. Le risque est de ne pas s’apercevoir qu’il ne s’agit pas d’une sociologie “universelle”, mais d’une chapelle idéologique qui décline toujours la même forme particulière de pensée, déconstructrice des valeurs des Lumières (voir mes publications).

 

6e principe – Propriété intellectuelle.

« L’Inra soutient la liberté d’accès à l’ensemble des ressources génétiques telle que prévue par les accords internationaux. Il défend le Certificat d’Obtention Végétale (COV), qui garantit le progrès génétique et sa diffusion aux agriculteurs, reconnaît le droit des agriculteurs à produire et utiliser des semences de ferme, et encourage le progrès génétique par l’accès libre et gratuit au fond génétique tout en assurant une rémunération des investissements en recherche et développement des sélectionneurs. Si le régime de propriété intellectuelle des variétés végétales venait à évoluer, l’Inra défendrait les valeurs associées au certificat d'obtention végétale (COV) et la non brevetabilité des plantes issues d’édition du génome ».

 

Ce « principe » ignore que des inventions des laboratoires de la recherche publique ne mènent pas forcément à un COV. Il reste donc nécessaire d’assurer d’une protection intellectuelle de ces inventions en amont pour éviter le pillage (déjà largement réalisé par certains pays…). Ce qui est le rôle des brevets. Brevets et COV sont donc complémentaires.

Ce passage ignore que la législation européenne sur les brevets « reconnaît le droit des agriculteurs à produire et utiliser des semences de ferme » et apparait comme un alignement sur l’idéologie « anti-capitaliste » évoquée ci-dessus et dont la première manifestation anti-technologique a été justement une hostilité aux brevets biotechnologiques (dès 1980; voir voir « OGM, la question politique », PUG).

 

En conclusion. La recherche publique a perdu la bataille des plantes transgéniques. Les directions de l’INRA en portent une part de responsabilité devant l’Histoire. Les circonstances étaient bien sûr difficiles en raison des contraintes liées aux dissensions idéologiques internes (particulièrement à l’INRA, révélées lors de la querelle des OGM, et jamais maîtrisées) et en raison de la trahison des responsables politiques (qui ont d’abord soutenu les biotechnologies avant de se renier).

Ne nous leurrons pas : la recherche publique est en passe de perdre la bataille des nouvelles biotechnologies. Les mêmes causes produisent en effet les mêmes effets. Ce qui est contestable dans le présent document de l'INRA, et pour des raisons éthiques doit être contesté, c’est la non-prise en compte de faits pourtant établis, au profit de calculs politiques qui n’apparaissent plus de manière incontestable servir l’intérêt public.

 

Lire aussi concernant le même document une autre série de critiques d'un agronome.

Pour élargir la question, ma tribune « Pourquoi il est urgent que la science se rebelle contre les diktats du conformisme ».

Il faut toujours dire ce que l'on voit : surtout il faut toujours, ce qui est plus difficile, voir ce que l'on voit.  Charles Péguy

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14 janvier 2016 4 14 /01 /janvier /2016 13:33

The European Commission is set to guide the regulatory fate of new biotechnologies crucial to the future of plant breeding. To meet such agricultural challenges, we need a product-oriented, flexible and adjustable regulatory system, write Klaus Ammann and Marcel Kuntz. 

Read the full length article on Euractiv

 

 

Traduction en Français

 

Vieille de plusieurs décennies,

la règlementation des OGM est inadaptée

aux nouvelles biotechnologies de réécriture de gènes

 

Par son choix réglementaire, la Commission européenne va orienter le destin de ces nouvelles technologies cruciales pour l'avenir de la sélection végétale.

Pour répondre aux défis agricoles du 21ème siècle, nous avons besoin d'un système réglementaire souple, ajustable et axé sur le produit final selon technologies appliqués.

Klaus Ammann et Marcel Kuntz

 

Nouvelle ère en biotechnologie, mais vieille règlementation

De nouvelles méthodes pour influencer les traits génétiques de divers organismes deviennent disponibles à une vitesse croissante, pour un coût moindre.

Jusqu'il y a peu, le monde de la sélection végétale était divisé en OGM et non-OGM, la règlementation étant axée dans le monde entier (sauf rares exceptions) sur les procédés d'obtention. La règlementation de l'UE définit un objet juridique appelé «OGM», qui vise le transfert direct de gènes (donc la transgénèse) en précisant que ce transfert ne doit pas survenir « naturellement ».

L'argumentation ci-dessous montre que l'inclusion ou l'exclusion des technologies de « récriture de gènes » de cette réglementation est basée sur une conception erronée des OGM.

 

Un règlement de l'UE inspiré d'idées fausses sur les modifications de gènes

Généralement, les méthodes moléculaires des biotechnologies sont copiées de processus naturels, ce que le Prix Nobel Werner Arber et d’autres expliquent depuis des années. Une séparation entre des plantes provenant d'une sélection naturelle ou non-naturelle est fondamentalement fausse – car de nombreuses plantes transgéniques existent naturellement (comme la patate douce).

Et que dire des tolérances à des herbicides, qui peuvent survenir par mutations naturelles ou provoquées, ou par transgénèse ? Seule cette dernière est concernée par la réglementation, un choix politique.

 

La réglementation de l'UE devait permettre l'utilisation de la biotechnologie lorsque prouvée sûre

Mais elle a encouragé les polémiques politiques et la stigmatisation, la désinformation à grande échelle (sans précédent dans un monde démocratique) et finalement privé les agriculteurs de la liberté de choix et les scientifiques de la liberté académique, sans oublier l'exportation sans vergogne de ces problèmes dans les pays pauvres.

 

Des appels pour une nouvelle réglementation sur l'amélioration moderne des plantes

Au cours des dernières années, de nombreux chercheurs et des institutions publiques importantes (comme les Académies des Sciences européennes) ont appelé à une nouvelle réglementation axée sur le produit. «Produit» ne doit pas être compris comme la construction d'ADN, mais comme le produit final sur le marché (les agriculteurs et les consommateurs n'achètent pas des « constructions d'ADN»).

 

Qu'en est-il des nouvelles technologies de sélection végétale (« gene editing »)?

Certaines de ces nouvelles méthodes permettent de créer des micro-mutations génomiques à des endroits très précis. Ces procédés sont de plus en plus simples et plus efficaces. Certains, comme le Bureau Fédéral Allemand pour la Protection des Consommateurs et la Sécurité des Aliments (BVL) ou des chercheurs Suédois plaident pour l'exclusion de cette « édition de gène » de la réglementation des OGM quand elle n'entraîne pas l'introduction  d'ADN «étranger».

 

Ces arguments sont tirés de l'analyse sémantique de paragraphes réglementaires et des connaissances moléculaire d'aujourd'hui. Ils ne sont pas sans quelques mérites, mais tendent à négliger certains risques potentiels, qui seront certes faibles, mais pas nuls.

 

En outre, suivant cette logique, une modification plus importante des structures d'ADN ferait retomber les organismes concernés dans l'ancienne réglementation stigmatisante, avec tous les inconvénients précités.

 

Il est justifié de dire qu'il est pratiquement impossible de donner une définition claire des OGM

Une publication récente considère même qu'il s'agit d'une pseudo-catégorie absurde (« The nonsensical GMO pseudocategory »). Les mêmes difficultés sont rencontrées lorsque l'on tente de définir les races humaines. De plus, il sera difficile de définir un ADN «étranger».

 

Un tel mélange de déréglementation / réglementation des nouvelles biotechnologies encouragera d’âpres disputes

Les opposants ont déjà ouvert de nouveaux fronts, appelant à un moratoire strict et l'inclusion sans différenciation de toutes les nouvelles méthodes dans un régime de réglementation. Il est évident que les opposants (certains généreusement financés par l'argent public européen) vont réussir à propager des craintes sur les biotechnologies qui seraient non réglementées, qui seront appelées « OGM cachés » comme cela est déjà le cas pour les cultures mutagénisées (comme certains tournesols HT, dont des champs ont déjà été vandalisés en France).

 

Il sera en effet difficile pour les non-experts de comprendre pourquoi des OGM vieux de plusieurs décennies sont encore réglementés (et voient leur réglementation encore renforcée ou leur commercialisation carrément interdite par le Parlement européen, en laissant de côté la science, et notamment les avis de l'Autorité européenne de sécurité des aliments), tandis que des nouvelles biotechnologies ne seraient pas réglementées.

 

Est-il possible de parler des avantages pour changer ?

Parler des bénéfices de la sélection moderne des plantes ne veut pas dire que nous devrions rester dans l'ancienne conception d’une technologie qui serait l'alpha et l'oméga du progrès en agriculture. Il existe quantités d'écrits documentés démontrant que le succès final des nouvelles biotechnologies dépend de nombreux autres facteurs, tels que la structure de production, les modes de vie des agriculteurs, les éléments historiques, les traditions, l'écologie des cultures, l'écologie du paysage, etc.

 

Est-il permis de rêver ?

Ce dont nous avons réellement besoin est un système réglementaire mondial, construit sur les meilleures connaissances scientifiques (qui évoluent avec le temps), donc évolutif, et qui inclut la possibilité de se différencier en fonction de l'impact des risques. 

L'implication politique ne devrait pas être limitée à toujours plus de réglementations, d'interdictions et de tractations sur l'agriculture moderne. A un moment où beaucoup doutent de l'Europe, la grandeur de la politique européenne devrait être de lever les barrières politiques et la stigmatisation sans base scientifique, et d'éclairer les facteurs indispensables pour que l'agriculture moderne relève les défis du 21ème siècle.

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15 novembre 2015 7 15 /11 /novembre /2015 16:30

Ces réflexions ont pour origine le constat qu'une chapelle non-scientifique des sciences humaines et sociales (SHS) a littéralement pris le pouvoir dans nombre d'institutions scientifiques. La raison est que ces SHS postmodernes ne font que décliner sur les "controverses" scientifiques et techniques une nouvelle idéologie dominante à l'oeuvre plus largement dans les sociétés occidentales et en France en particulier, comme montré ci-dessous.

Cette idéologie postmoderne a induit le communautarisme, pourtant contraire aux "valeurs de la République", qui a lui même été un terreau fertile pour la radicalisation religieuse, dans un pays qui se veut laïc, avec les conséquences que l'on sait...

Lire à ce sujet l'article "Penser après un vendredi 13".

 

De l'idéologie postmoderne

 

Tout le monde s’accorde sur le constat, les questions dites « sociétales » chères au gouvernement sont « clivantes ». Pour quelles raisons ? S’agit-il de luttes entre « réactionnaires » et « progressistes » ? Entre traditionalisme et modernisme ? En réalité la question doit être posée autrement, comme un choix de civilisation.

 

La société occidentale contemporaine, pour son malheur, est depuis quelques décennies la proie d’une tentative de « décivilisation ». Il convient de la penser comme postmoderne, c’est-à-dire à la fois anti-moderne et anti-tradition. Le postmodernisme s’est constitué un corpus théorique (citons l’ouvrage « la condition postmoderne » de Jean-François Lyotard en 1979) et est devenue progressivement idéologie dominante.

 

Celle-ci se définit comme un ensemble de « déconstructions »: l’Homme des Lumières (dissous dans un être individualiste et consommateur, à l’identité variable qui construira entre autres son « genre »), la Nation (à laquelle se substituent d’autres « communautés imaginées », comme les réseaux « sociaux » ou les rassemblements victimaires), la démocratie représentative (remplacée par une démocratie « participative », aux contours flous et où règnent des minorités actives) et enfin, déconstruction de la réalité elle-même par un constructivisme s’enivrant de « représentations du monde » en forme de discours.

 

Cette postmodernité rejette les  valeurs universelles de la philosophie des Lumières – car portées par l’Occident – et propage une doctrine cosmopolite qui voit l’identité nationale comme un particularisme offensant pour l’Autre. La vision postmoderne confond l’ouverture aux autres cultures (une valeur des Lumières) et l’exaltation de la « diversité », aboutissant à la haine de soi. Ainsi, la lutte légitime pour les droits civiques de minorités ethniques est devenue antiracisme idéologique, le soutien à la décolonisation s’est transformé en tiers-mondisme aveugle, la condamnation de la persécution des homosexuels s’est muée en glorification des postures identitaires liées à des pratiques sexuelles (qui devraient rester) privées.

 

Une certaine Bien-Pensance croit devoir porter sur ses épaules toute la culpabilité de l’Occident. Ce « Sanglot de l’Homme Blanc » - cette « Identité Malheureuse »  - est devenu la pensée hégémonique du camp du Bien. Le temps qui passe n’y fait rien : il s’agit de montrer, encore et toujours, sa solidarité avec les victimes classées en catégories, comme les « Afro-américains », les femmes, etc.). La rédemption de l’être postmoderne passe par la reconnaissance et l’accueil sans conditions de l’Autre, non dans son individuation (selon des valeurs chrétiennes, comme l’amour du Prochain), mais comme un ensemble de communautés idéalisées et condamnées à se vivre au travers des fautes commises à leur encontre.

 

Le postmodernisme est hermétique à la critique, car il déconstruit la notion de Vérité (y compris en science). Il ne veut ni la connaitre, ni même la nommer (ce serait « stigmatiser » une communauté !). Il a transmuté la passion égalitariste en relativisme généralisé : tout se vaut !  Il accepte de ce fait la domination de l’Opinion, même ignorante, sous des formes péremptoires : soit sous pseudonyme sur les réseaux « sociaux », soit au contraire de manière égocentrée chez les amuseurs publics des plateaux de télévision.

 

A l’Ecole, l’idéologie postmoderne a supprimé la référence mythique à « nos ancêtres les Gaulois », symbole d’un récit national, et donc honni. Le  prétexte étant que cette référence ne correspondait pas à la filiation génétique des Français - « issus de la diversité » - et qu’elle risquerait de heurter cette « diversité » alors qu’il convient de la fêter comme telle. Elle a fait disparaître le beau titre d’Instituteur (et ses significations profondes) et elle prône désormais la « co-construction » de l’enseignement entre le Maître (devenu « communauté éducative ») et l’Elève (devenu « apprenant » !). Il serait bon de méditer ces délires « sémantiques » car ils accompagnent d’autres délires, cette fois « pédagogiques ».

 

La même menace touche la science, qui ne serait qu’une « construction sociale », une simple opinion d’une « communauté scientifique » partageant des présupposés, qui ne vaut pas plus que toute autre opinion. Relativisme oblige, les militants de l’écologisme et les charlatans doivent être écoutés comme (voire plus que) les scientifiques reconnus. Revêtant habilement les habits de la démocratie, une perversion démocratiste exige que la science devienne « citoyenne » ! L’imposture intellectuelle « sociologisante » devient hégémonique dans nos institutions scientifiques.

 

La pensée postmoderne incarne son pessimisme dans la Précaution érigée en Principe, et son nihilisme dans le rejet de toute foi dans l’Homme et le Progrès, dans l’abandon de la quête ouverte et généreuse du Vrai, du Bien, du Beau.

L’idéologie postmoderne n’est pas un « Suicide Français », c’est un suicide de civilisation.

 

Cet article a été publié le 30 avril 2015 par Le Figaro sous le titre "Le syndrome de la postmodernité, une maladie de l’Occident"

Une illustration de l'idéologie postmoderne...

Une illustration de l'idéologie postmoderne...

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5 septembre 2015 6 05 /09 /septembre /2015 22:19

Le 5 septembre 1995, 20 ans jour pour jour, Greenpeace avait présenté ses excuses au sujet de sa campagne fallacieuse contre le projet de Shell de couler au large dans l’Atlantique la plateforme pétrolière Brent Spar située en Mer du Nord et devenue obsolète.

Greenpeace avait organisé dans le monde entier une puissante campagne médiatique contre ce projet. Des militants de Greenpeace ont occupé le Brent Spar pendant plus de trois semaines. Ils y avaient prélevé des échantillons. Greenpeace contesta sur cette base les chiffres de Shell et affirma qu’il s'y trouvait jusqu’à 5500 tonnes de pétrole et des produits toxiques en quantités susceptibles d’entrainer des pollutions importantes.

En raison du succès de cette campagne médiatique, notamment en Europe du Nord, incluant un boycott des stations-service Shell, accompagnée d’attaques physiques et d’un incendie criminel sur une station-service en Allemagne, Shell abandonna ses plans pour se débarrasser de Brent Spar en mer - tout en continuant à affirmer que couler la plateforme était l'option la plus sûre, à la fois pour l’environnement et dans une perspective de santé et de sécurité industrielle.

 

Après avoir amarré le Brent Spar à Erfjord (Norvège), Shell a chargé le conseil indépendant norvégien Det Norske Veritas (DNV) de mener une vérification du contenu de Brent Spar et d’enquêter sur les allégations de Greenpeace. Devant l’évidence, Greenpeace a admis que ses allégations étaient inexactes et a présenté des excuses à Shell…

Restait-il à la multinationale de l'écologisme un peu d'éthique ? Ou était-ce pure stratégie médiatique ? C'était il y a 20 ans. Depuis, Greenpeace a multiplié les campagnes manipulatrices, sans jamais s'excuser...

 

Greenpeace ne s'est pas excusé pour avoir raconté des balivernes contre le Riz Doré, prétendant qu'il faudrait manger des kilos de cet OGM humanitaire pour bénéficier de ses effets de prévention contre le manque de vitamine A. Greenpeace pousse le manque d'éthique absolu jusqu'à poursuivre ses campagnes contre ce riz, ayant réussi à faire abandonner le projet dans la plupart des pays qui pourraient en bénéficier.

Tant pis pour les enfants qui deviennent aveugles ou meurent...

 

 

Greenpeace va-t-il s'excuser auprès de ses employés mécontents de leur condition sociale ? Voir leur pétition et une vidéo. Il y est révélé que les solliciteurs (de fonds) pour Greenpeace sont tenus à un quota de ventes et s'ils ne parviennent pas à réunir assez d'argent, ils sont licenciés sans ménagement.

 

Quand Greenpeace nous prend pour des poires

Lire au sujet de la campagne de Greenpeace sur les pommes.

Sur le blog Agriculture, alimentation, santé publique... soyons rationnels .

Et sur Ecolopedia.

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23 novembre 2014 7 23 /11 /novembre /2014 12:48

uk-flagVersion originale en Anglais : Politics vs. Science, by Steven Novella

 

 

drapeau francaisQue se passe-t-il quand des points de vue politiques ou idéologiques sont contredits par un consensus d’avis scientifiques basés sur les preuves ?  Il apparait qu’une réaction habituelle – qui dépend de la force avec laquelle ces vues idéologiques sont ancrées -  est de rejeter la science. Non seulement les gens rejettent la science dans le cas spécifique qui les intéresse, mais en plus ils rejettent la science elle-même. Ils considèrent que si la science est en désaccord avec leur point de vue (et donc qu’ils « savent » être la vérité), alors la science doit être rejetée.


Le plus récent exemple de ce type de réaction vient de l'Union Européenne. Le rôle de "Conseiller Scientifique JunckerEuropéen en Chef", tenu par le Professeur Anne Glover, a été récemment supprimé par Jean-Claude Juncker, le nouveau Président de la Commission européenne.  Il existe des explications contradictoires quant à la raison exacte de cette suppression, mais après revue de la presse cela me semble assez clair. Ses conseils sur la science, plus particulièrement en ce qui concerne les organismes génétiquement modifiés (OGM),  étaient politiquement gênants.


Selon les discours prononcés par Glover, son poste, créé début 2012, a toujours été contesté. Elle a déclaré dans un discours prononcé en Nouvelle Zélande :
"Je dirais que la politique interne a nui à l'efficacité de mon rôle. Beaucoup de gens de la Commission ne voulait simplement pas d’un Conseiller Scientifique Européen, donc ça a été un peu difficile. J'ai eu toute l'indépendance nécessaire, mais j'ai été souvent exclue de l'information essentielle. »

 

Elle s’est aussi souvenue :
« J’arrivais à une réunion et c'était presque comme s'ils avaient oublié que je devais y participer » dit-elle, ajoutant « qu'elle n’a rencontré son patron direct – José Manuel Barroso, le Président de la Commission Européenne –  que 51 jours après mon arrivée à Bruxelles parce qu'il « avait d'autres choses à faire ».

 

De toute évidence, Glover était énergique et efficace, présentant les avis et conseils des scientifiques européens pour aider à définir la politique scientifique. Cela est la raison évidente d’avoir un Conseiller Scientifique.  De plus en plus souvent, d’importantes politiques gouvernementales dépendent de questions scientifiques. Il n'est simplement pas possible pour les politiciens de construire une politique efficace sans avoir une bonne compréhension de la science actuelle.


Mais en politique, les faits sont gênants.  Avoir un Conseiller Scientifique disant publiquement quel est le consensus actuel des avis scientifiques sur une question précise, peut compliquer la vie d’un homme politique qui veut nier la science en faveur de son idéologie.doutes serieux
C'est précisément pourquoi la communauté scientifique, notamment en Europe, est tellement consternée par cette décision. Il s'agit précisément du rôle de la science au sein d’un gouvernement. Les politiciens montrent ainsi qu'essentiellement ils se préoccupent plus de l'idéologie que des faits. Cela devrait indigner toute personne intelligente.


La décision a été vivement critiquée par le Dr Roberto Bertollini, l’Expert scientifique en chef et le représentant de l’Organisation Mondiale de la Santé auprès de l'UE :
« L’idéologie et les groupes d'intérêts continuent de dominer le débat public en Europe et ailleurs, quelles que soient les tentatives de partager les conseils basés sur les connaissances et sur la science ».

 

Il est clair que la décision de limoger Glover a été motivée par la politique anti-OGM en Europe. Greenpeace et les autres organisations écolos se sont opposés à Glover et ont envoyé une lettre à Mr. Juncker affirmant:

"L'actuel Conseiller Scientifique Européen en Chef présente des opinions partiales et partisanes sur l'utilisation des organismes génétiquement modifiés en agriculture, affirmant à plusieurs reprises qu'il y aurait un consensus scientifique quant à leur sécurité. Nous espérons que vous, le futur Président de la Commission Européenne, déciderez de ne pas nommer à nouveau un Conseiller Scientifique en Chef. "
Pour être clair, Greenpeace ne veut pas que la Commission Européenne ait un Conseiller Scientifique en Chef, simplement parce qu'ils sont en total désaccord avec la science sur les biotechnologies végétales.

 

Selon une source du quotidien anglais « The Télégraph » :
"Elle est controversée en raison de ses vues sur les Biotechnologies Végétales.  Juncker n'aime pas l'idée que les cultures génétiquement modifiées soient approuvées par l'UE sur des bases scientifiques. Pire encore, elle a mécontenté les Français. »

 

Conclusion
Notre civilisation moderne est complexe et devient de plus en plus complexe chaque jour au fur et à mesure que la technologie progresse, que la population augmente, que la mondialisation s’étend, et que les effets de notre industrie pèsent plus lourdement sur l'environnement. Notre qualité de vie collective dépendra de plus en plus de notre capacité à conduire notre civilisation de façon efficace et efficiente.


aveuglementPeut-être la plus grande menace pour notre efficacité est-elle l'idéologie, qui semble être un problème majeur dans le cerveau humain. Personne n'est à l’abri de son emprise. L'idéologie est une lentille déformant la réalité, qui affecte la façon dont nous voyons toute chose ainsi que notre façon de penser rationnellement.


Notre meilleur espoir est la Science qui met potentiellement des verres correcteurs sur notre idéologie. La science est la vérification de la réalité. Je ne vois rien de plus important à l'élaboration d'une politique efficace et effective que d'aider ce processus avec les meilleures données scientifiques disponibles.


Toute personne ou organisation qui s’opposerait à la science, ou au rôle d'un conseiller scientifique - parce que cela contredit leur idéologie – représente une force régressive dans notre civilisation. Ils doivent être fermement critiqués et contredits.


De plus, s’il devait y avoir un doute que les forces anti-OGM sont essentiellement antiscientifiques, leur opposition au rôle de Conseiller Scientifique Européen en Chef en est la preuve concrète.

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7 juillet 2014 1 07 /07 /juillet /2014 12:26

Le Professeur de sociologie rurale Frederick Buttel a identifié pas moins de 6 courants d’« agro-écologie »: agro-écologie écosystémique, écologie agronomique, économie politique écologique, écologie des agro-populations, agriculture multi-fonctionnelle (dimension du paysage, articulation entre territoires et secteurs), holon agro-écologie (gestion adaptative permanente).

Rassurons immédiatement les lecteurs, nous n’allons pas tenter d’expliquer ces concepts ! Allons à l’essentiel : si on combine ces multiples interprétations, à la citation attribuée au Cardinal de Retz, « on ne sort de l'ambiguïté qu'à son détriment », on comprendra tout l’intérêt d’un concept aussi flou pour les politiciens.

 

Plaire à tous avec un concept-valise ?

En France, concrètement, l’agro-écologie a plusieurs sens :

-une discipline scientifique émergente, au carrefour de l’agronomie et de l’écologie,

 

-une démarche de gestion agricole qui vise à adapter ses pratiques afin de tirer un plus grand parti des ressources naturelles de l’agroécosystème,


agriculture soutenable-une idéologie, caressée dans le sens du poil par la stratégie politicienne du Ministre Stéphane Le Foll, où l’agro-écologie n'est pas vue comme alternative à une agriculture non durable, consommant trop d'intrants et ne respectant pas l'environnement, mais  comme une agriculture sans intrants et sans OGM. Il s'agit donc d'enlever des roues au tracteur ! 

 

 

 

 

 

 

 

L’agro-écologie est en effet l’un de ces concepts à forte valeur médiatique dont raffolent certains politiciens, car ils permettent de faire de la politique quand on n’a pas de politique : chacun y mettant ce qu’il veut, on ne fâchera personne. De plus, il est en parfaite adéquation avec le vocable en vogue : la « transition » (énergétique, ou ici de l’agriculture) : on fera ainsi croire que l’on pilote au centre une infinité de paramètres excentrés.

En fait, l’agriculture a déjà changé et les agriculteurs, sur lesquels pèsent déjà de multiples contraintes environnementales (interdictions, réglementations, normes, etc.), apprécieront que des citadins privilégiés aient décidé qu’il faudra désormais « produire autrement » !

 

Une science sous la contrainte d’impératifs politiques partisans

L’INRA, déjà soumis aux diktats ministériels pour ne plus faire de recherche impliquant des OGM, a donc fait de l’agro-écologie un « chantier prioritaire ». L’Institut, ainsi, « mobilise ses capacités pour une science qui anticipe (!) et accompagne les mutations de l’agriculture et contribue à une sécurité alimentaire et nutritionnelle durable au XXIe siècle ».

 Dans une vision digne d’un gosplan soviétique, pour Le Foll, « le socle de connaissances acquis en agro-écologie permettra d’accompagner des systèmes agricoles innovants, combinant performances économiques, sociales et environnementales, en proposant des évolutions au sein des filières et des territoires ». On reconnaitra ici la vision totalisante de l’écologisme (la défense de l’environnement doit intégrer les aspects socio-économiques, ou supposés tels). Petit problème : dans son document d’orientation 2010-2012, l'INRA se fixe comme objectif la convergence (difficile) dans l’agro-écologie des connaissances de l’agronomie et de l’écologie, « disciplines historiquement disjointes ». Vouloir combiner, par décision ministérielle, cette « nouvelle science » (dans laquelle la France n’est pas leader, la discipline existe en Allemagne par exemple depuis les années 30 !) avec des aspects socio-économiques de nature clairement différente, éminemment soumis à des interprétations idéologiques, relève au mieux d’une gageure.

 

La comparaison avec le système soviétique peut paraître injuste

Effectivement, ce dernier a été capable d’assembler des fusées et de les envoyer dans l’espace. Ici, ce qui est proposé avec l’« agro-écologie », ce sont des étages de fusées qui, en l’état, ne peuvent s’assembler. Et en plus on ne veut pas construire certains étages !

 

Pour une agronomie sans idéologie

Qu’y a-t-il de plus compatible avec des pratiques agro-écologiques qu’une plante qui possède, comme le maïs MON810, une défense propre contre des insectes ravageurs, compatible avec la réduction de l’usage des pesticides chimiques et leur utilisation raisonnée. Compatible aussi avec une lutte intégrée pour assurer la durabilité des pratiques. Seulement voilà, le MON810 est un trait génétique de type OGM, et sur lui se focalise ainsi le sectarisme de l’écologie politique et l’irresponsabilité des politiciens qui s’acharnent à détruire les biotechnologies végétales, dans une stratégie où seule compte la prochaine échéance électorale ou son portefeuille ministériel.

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12 juin 2014 4 12 /06 /juin /2014 20:05

Derrière ce titre provocateur est posée une question légitime, celle du bilan de l’activisme environnementaliste, entre contre-pouvoir, prises de conscience et réactions salutaires face à notre impact sur l’environnement et, d’autre part, un projet politique -voire un intégrisme- peu soucieux des faits scientifiques, incapables d’adopter des positions nuancées.

        Lire le tome 1 (dossier de l’interdiction du DDT contre la malaria).

 

TOME 2 : Le lobbying anti-Riz Doré, un dossier noir de l’écologisme 

Lire Sauvez les baleines, oubliez les enfants. Par Henry I. Miller

Certains, comme Greenpeace, continuent de désinformer sur le Riz doré qui, à leurs yeux, a le tort d’être un « OGM ». On sait aujourd’hui que la consommation de quantités minimes de ce riz éliminerait les symptômes les plus graves de la déficience en vitamine A, là où le riz est l’aliment de base.

La destruction d’un essai de cet OGM humanitaire aux Philippines en août 2013 a suscité la réprobation.

 

Réconcilier Ecologie et Ethique

Dans sa vision idéologique, l’« écologie » politique a accumulé les mensonges sur les OGM et ne peut plus s’en dégager.

Condamner à mort des centaines de milliers d’enfants plutôt que de regarder les faits n’est pas moralement défendable.

 

Autorisez le Riz Dore maintenant !

Le combat de l’association GoldenRiceNow

 

Venez rencontrer l’association à Paris.

Mardi 17 juin 2014, de 9h à 10h30 au Bistro John Weng
20, rue du Faubourg Poissonnière, 75010 - Paris
(Métro: Bonne-Nouvelle)

 

Participez à la conférence-débat sur le Riz Doré 

Mercredi 18 juin 2014, de 18h30 à 21h30. Saf agr’iDées.

8, rue d’Athènes – Paris 9e

Communiqué de l'AFIS

 

Mise à jour: la couverture de presse

http://www.titrespresse.com/ca/article/le-riz-dore-plaide-sa-cause-en-europe?id=199509d14d6

http://www.lafranceagricole.fr/actualite-agricole/ogm-l-association-golden-rice-now-en-campagne-pour-la-mise-en-culture-du-riz-dore-90194.html

http://www.sciencesetavenir.fr/nature-environnement/20140618.AFP9917/le-riz-dore-plaide-sa-cause-en-europe.html

http://www.atlantico.fr/decryptage/greenpeace-accuse-crime-contre-humanite-anciens-responsables-wikiagri-1626033.html

http://www.leuksenegal.com/sport/item/43378-greenpeace-accus%C3%A9-de-crime-contre-l%E2%80%99humanit%C3%A9-par-l%E2%80%99un-de-ses-anciens-responsables

http://wikiagri.fr/articles/riz-dore-greenpeace-accuse-de-crime-contre-lhumanite/1151

http://www.maghrebo.com/tunisie/greenpeace-accuse-de-crime-contre-l%E2%80%99humanite-par-l%E2%80%99un-de-ses-anciens-responsable.html

http://www.rtl.be/info/economie/monde/1101456/le-riz-dore-plaide-sa-cause-en-europe

http://www.afriqueexpansion.com/depeches-afp/16301-le-riz-dore-plaide-sa-cause-en-europe.html

http://www.politicomag.com/article.php?item=3913&cat=5&le-riz-dore-plaide-sa-cause-en-europe

http://www.auxfrontieresdelascience.com/sujet-10869,le-riz-dore-plaide-sa-cause-en-europe

http://lafrance.co/d/299604/le-riz-dore-plaide-sa-cause-en-europe 

http://www.nordnet.fr/infos/environnement/le-riz-dore-plaide-sa-cause-en-europe/urn.newsml.afp.com.20140618.7b947358.06c0.4972.aa04.776162eb3f0f

https://fr.news.yahoo.com/greenpeace-accus%C3%A9-crime-contre-l-humanit%C3%A9-l-anciens-064031655.html

http://www.rtbf.be/info/societe/detail_le-riz-dore-un-ogm-pas-come-les-autres-plaide-sa-cause-en-europe?id=8295205

http://www.campagnesetenvironnement.fr/un-cofondateur-de-greenpeace-manifeste-pour-un-6847.html

http://magzlavie.com/le-riz-dore-plaide-sa-cause-en-europe/

http://www.combourse.com/News/Le_riz_dore_plaide_sa_cause_en_Europe__1630544.html

http://www.lapresse.ca/vivre/sante/nutrition/201406/18/01-4776977-le-riz-dore-plaide-sa-cause-en-europe.php

http://www.enviscope.com/News/Thematiques/Agriculture/Patrick-Moore-l-opposition-de-Greenpeace-au-riz-dore-entraine-des-millions-de-victimes,i21787.html

http://www.pseudo-sciences.org/spip.php?article2319

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1 juin 2014 7 01 /06 /juin /2014 19:37

                                                 par Michel NAUD

   José Bové, le plus médiatisé des « citoyennistes », accédait à la célébrité par sa participation active à la destruction de semences biotechnologiques en 1998 (condamnation à quatre mois de prison avec sursis), puis en 1999 au saccage baptisé « démontage » du Mc Donald’s de Millau (trois mois de prison ferme) ainsi qu’à la destruction de la serre de confinement du CIRAD (de Montpellier (six mois de prison ferme). 

A l’issue de cette dernière condamnation, José Bové déclarait : «Aux ordres du pouvoir économique, les magistrats de Montpellier nous ont condamnés. Mais nous avons déjà gagné une bataille. Aucune firme privée ou publique n'a déposé depuis un dossier devant la commission de génie biomoléculaire pour pratiquer des essais.»  

Depuis, José Bové peut se targuer d’avoir gagné d’autres batailles. Par exemple la conversion des peines de prison en « jours amendes ». C’est ainsi qu’à l’occasion d’un énième procès, en 2006 à Bordeaux, pour la destruction de 2320 tonnes de maïs transgénique, la présidente du tribunal lui expliquait :  "Vous avez le choix de payer au terme de la période de 200 jours à 60 euros ou de faire un jour de prison par jour-amende non payé", en précisant qu'ils pouvait bénéficier d'une "réduction de 20% du montant" s'il payait sous un mois. Il n’est même plus  besoin de jours amendes puisque les « faucheurs volontaires » qui ont saccagé les vignes de Colmar se sont trouvés relaxés…  

 

Fermes des mille vaches 

Un nouvel épisode s’est ouvert la semaine dernière, le 28 mai 2014. Un collectif… « citoyen », bien sûr, et les militants locaux de la Confédération Paysanne ont décidé que la ferme intitulée la « ferme des mille vaches », ferme d’élevage pour la production de lait, ne correspondait pas à la vision qu’ils préconisent pour l’agriculture. Ainsi donc cette ferme, bien qu’ayant reçu toutes les autorisations et se construisant dans la légalité, doit être démontée, et d’inviter la presse, suivant leur savoir faire médiatique habituel, pour assister en direct au « démontage ». Les gendarmes embarquent quelques meneurs, dont le porte-parole de la Confédération Paysanne, pour les entendre et Hervé Kempf, à l’issue de son long reportage, de conclure « étrange pays, étrange gouvernement, en ce jour où le porte-parole du deuxième syndicat agricole français a passé la nuit, incarcéré. » José Bové, nouvellement réélu au parlement européen et candidat pour son groupe écologiste à la présidence de la commission européenne, déclarait à son tour « Je félicite la Confédération paysanne pour la détermination avec laquelle elle mène le combat pour une agriculture paysanne et contre les grands projets inutiles. » et de rajouter « Cette répression syndicale est complètement inacceptable. Je demande la libération immédiate des personnes gardées à vue. »

 

Séquestrations

C’est ainsi que les citoyennistes, déjà entraînés aux « inspections citoyennes » (ayant pénétré dans le centre d’Angers de l’INRA pour demander des comptes au chercheurs) passent au stade de l’incarcération. Le 30 mai 2014, en réponse à la garde à vue de leurs militants dans la Somme, un groupe de militants à séquestré un conseiller du Président de la république.  "Tant qu'ils ne seront pas libérés, nous resterons ici (...). C'est un nouveau genre de rapport. C'est une garde à vue mutuelle" expliquait ainsi sans rire un des représentants de la Confédération paysanne. Après la levée de la garde à vue des cinq militants retenus à Amiens, le conseiller sortait libre à son tour. 

Que peut-on constater ?

Les seules prises de positions politiques publiques sur ces affaires ont été celles de José Bové d’EELV, et ce pour se solidariser avec ces actions illégales.

Aucune prise de position gouvernementale. Pire, le ministre de l’agriculture, Stephane Le Foll, recevait les saboteurs et ne trouvait rien d’autre à leur dire que « Ce n’est pas mon projet. Je veux des agriculteurs à la tête des exploitations agricoles et pas des investisseurs. Ce n’est pas un modèle que je défends. »

A ce jour, la seule prise de position qui ose faire entendre une différence est celle de la journaliste Michèle Cotta dans le Point : « Des paysans ont saccagé une exploitation laitière géante de la Somme, avec la bénédiction de leur ministre. Une action stupide. »

 

Impunité totale

Le seul message adressé de facto aux destructeurs volontaires, que ce soit de champs, de fermes, d’usines, de centre de recherches publics ou privés, c’est celui de l’impunité totale pour les actions menées au nom du « citoyennisme ». C’est celui de la démission totale des gouvernements successifs de ces quinze dernières années, et que cela va en s’empirant. Pour paraphraser, de façon désabusée, une célèbre chronique de France Info, « nous vivons une époque postmoderne… »

Il serait temps, peut-être, de prendre conscience que, comme d’autres –ismes, le « citoyennisme » est une référence abusive, dévoyée, à la citoyenneté, qu’il lamine les libertés publiques tout comme l’égalité en droit des citoyens.

Que faut-il attendre pour que la délinquance « citoyenniste » soit reconnue pour ce qu’elle est ?

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