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  • : OGM : environnement, santé et politique
  • : Actualité et faits scientifiques sur les OGM. Postmodernisme en science.
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Introduction

Le propriétaire de ce site ne dit pas si les OGM c’est bien ou mal, s’il faut en manger ou pas. Il n'est payé ni par Monsanto, ni par Carrefour, ni par Greenpeace... (lire la suite).    

Ses analyses sur les biotechnologies ont été poursuivies sur le cadre idéologique plus large, celui de la postmodernité.

 

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L'auteur

Marcel Kuntz est biologiste, directeur de recherche au CNRS et enseignant à l’Université Grenoble-Alpes, ses seules sources de revenus. Ses analyses n'engagent pas ses employeurs.

 

Nouvel ouvrage:

De la déconstruction au wokisme. La science menacée.

Notes pour la Fondapol (téléchargeables)

Glyphosate, le bon grain et l'ivraie

 

Précédent : L'affaire Séralini: l'impasse d'une science militante

Autres ouvragescouv grand public :

OGM, la question politique

 

 

 Les OGM, l'environnement et la santé  

 

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25 avril 2011 1 25 /04 /avril /2011 10:33

             màj août 2012                                                           Click here for the English versionuk-flag

Une publication récente d’Aziz Aris et Samuel Leblanc dans le journal Reproductive Toxicology (Maternal and fetal exposure to pesticides associated to genetically modified foods in Eastern Townships of Quebec, Canada) affirme avoir détecté des traces :

d’herbicides (utilisés sur les variétés ‘génétiquement modifiées’ tolérantes à des herbicides) ou de leur métabolite principal,

ainsi que la protéine insecticide Cry1Ab (produite par certaines variétés dites Bt, résistantes à des insectes ravageurs)

dans le sang de femmes canadiennes, enceintes ou non, et des cordons ombilicaux.

 

Ce site publiera toute information crédible quant à la validité de ces affirmations et cet article sera ainsi mis à jour périodiquement.

Les commentaires critiques publiés sur ce site sont en accord avec ceux de l'Agence d'évaluation d'Australie et Nouvelle Zélande (FSANZ) et ceux de Alain de Weck (Professeur émérite d’immunologie). Lire aussi la publication de Utz Mueller & Janet Gorst (FSANZ) qui rappellent notamment que les composés prétendument détectés peuvent provenir d’autres sources que les OGM (utilisation des protéines Bt en agriculture biologique par exemple).

Lire les éléments d’information fournis par A. Blacker et coll. (Bayer CropScience) qui laissent penser à une  erreur grossière quant à la détection du glufosinate et d'un métabolite. Lire aussi les réponses de D.A. Goldstein et coll. (Monsanto).

 

Une publication peu crédible

Seules les allégations d’Aris et Leblanc concernant la protéine Cry1Ab sont discutées ici pour le moment.

La protéine Cry1Ab est produite par les cotonniers et certains maïs Bt (par exemple MON810). Aris et Leblanc prétendent l’avoir détectée chez 93% des femmes enceintes et 69% des femmes non-enceintes testées et considèrent que cela est lié à la consommation d’aliments dérivés de variétés Bt. Il s’agirait donc de maïs, plutôt que d’huile de coton peu consommée au Canada.

Curieusement, les auteurs ne considèrent pas que l’origine de Cry1Ab puisse être les aliments issus de l’agriculture biologique (qui utilisent en épandage sur des cultures maraichères ou fruitières des protéines Cry1Ab ou des bactéries qui les produisent) ni son utilisation en jardinage (préparations d’« insecticides naturels » en vente libre).

 

Si nous retenons l’origine alimentaire via le maïs Bt, sachant que ces protéines ne bioaccumulent pas, il faut donc envisager une consommation récente.

Première question : 93% des femmes enceintes canadiennes consomment-elles quotidiennement ou presque du maïs ?

Deuxième question : les valeurs sanguines rapportées par  Aris et Leblanc sont-elles compatibles avec les teneurs présentes dans les grains de maïs ? La réponse est non. Voici pourquoi :

Les auteurs rapportent des valeurs moyennes de 0,19 nanogrammes par millilitre (ng/ml) de sang chez les femmes enceintes. Sachant que, chez le maïs MON810 par exemple, les teneurs de Cry1Ab dans le grain sont comprises entre 190 et 390 ng/g de poids frais, en supposant que 1% puisse passer dans le sang (hypothèse extrêmement haute compte tenu des pertes lors du stockage du maïs, de la cuisson, puis de  la digestion gastrique et des limites au passage éventuel de la barrière intestinale), cela nécessiterait pour une femme de 60 kg la consommation de 120 g de maïs (pour obtenir les valeurs sanguines moyennes de 0,19 ng/ml pour  un volume de plasma de 2,5 litres) et d’environ 1,5 kg  (pour  les valeurs sanguines maximales rapportées de 2,28 ng/ml), ce qui parait irréaliste… Et encore plus si on tient compte de l’ensemble des fluides extracellulaires (soit 10 litres, ce qui impliquerait une consommation de 490 g de maïs en moyenne et 5,8 kg pour la valeur maximale).

 

Troisième question (qui découle logiquement des constats ci-dessus) : la détection de la protéine Cry1Ab par Aris et Leblanc est-elle fiable ?

Notons tout d’abord que le test utilisé, commercialisé par la société Agdia, est réputé détecter la protéine Cry1Ab à partir de 1 ng/ml (lire l'introduction de cet article). 

Or Aris et Leblanc prétendent avoir détecté des concentrations moyennes plus faibles que la limite de détection, par exemple 0,04 ng/ml dans les cordons ombilicaux !

Citons ici la publication de Lutz et coll. (J. Agric. Food Chem. 2005, 53(5):1453-6) qui montre que le test de type ELISA utilisé par Aris et Leblanc n’est pas suffisant pour garantir l’identité des signaux positifs (« to avoid misinterpretation, samples tested positive for Cry1Ab protein by ELISA should be reassessed by another technique »).

A noter que Aris et Leblanc ne discutent pas ce problème, ni les résultats de  Chowdhury et coll. (J. Animal Sci. 2003, 81:2546-2551) qui indiquent que ces tests ELISA ne fonctionnent pas pour le sang (de cochons)…

De plus, ils ne citent pas la publication de Paul et coll. (Analytica Chimica Acta 2008, 607: 106–113) qui discutent la validité des tests disponibles sur le marché…


Réponse (provisoire) aux questions qui se posent : en l’absence de validation de la détection de Cry1Ab,  il est probable que les auteurs ont, de manière erronée, concluent que tout signal était indicatif de la présence de la protéine Cry1Ab, alors qu’il s’agit vraisemblablement de faux positifs.

Une validation possible, absente des travaux d’Aris et Leblanc de manière étonnante, eut été des séparations électrophorétiques des protéines du plasma et l’immunodétection de la protéine Cry1Ab (‘western blot’, technique de laboratoire très courante).

Il apparaît donc que cette publication est, en l’état, de qualité insuffisante pour être crédible. Elle n’a pas fait l’objet d’un processus de relecture suffisamment rigoureux et digne d’un journal scientifique, qui aurait du exiger la validation des résultats et leur discussion par rapport à la littérature disponible.

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commentaires

P
<br /> Le kit de dosage de la protéine Bt est validé pour les graines et pour les feuilles. Aucune validation avec Western blot n'est montrée. Il s'agit du test ELISA qui donne fort probablement des<br /> artefacts avec le sérum humain, ce qui explique 100% de la détection.<br /> <br /> <br />
W
<br /> Étonnant que l'on puisse produire une étude sur 30 et 39 sujets, respectivement... et se vanter de fournir des « baseline data for future studies ».<br /> <br /> Étonnant que l'on puisse titrer « Maternal and fetal exposure to pesticides associated to genetically modified foods... » alors que l'association est simplement supposée sur la base d'un<br /> extraordinaire lieu commun : « Our study did not quantify the exact levels of PAGMF in a market-basket study. However, given the widespread use of GM foods in the local daily diet<br /> (soybeans, corn, potatoes, ...), it is conceivable that the majority of the population is exposed through their daily diet. » Que, me semble-t-il, l'AMPA a aussi d'autres origines que le<br /> métabolisme du glyphosate ; que les plantes génétiquement modifiées pour résister au glufosinate ne doivent pas être légion dans le paysage agricole ; que le glufosinate est aussi utilisé<br /> à d'autres fins sur des plantes conventionnelles, notamment comme défanant sur la pomme de terre ; etc.<br /> <br /> Étonnant que l'on puisse rapporter une absence de détection de glyphosate et d'AMPA chez la femme enceinte et discuter de leurs effets nocifs (y compris par une référence à celui dont la probité<br /> intellectuelle ne saurait être mise en doute à raison de ses financements...).<br /> <br /> Étonnant que l'on puisse évacuer le mystère de l'absence de glufosinate et de la présence de 3-MPPA par une affirmation sur leurs seuils de détection et une hypothèse sur la perméabilité<br /> placentaire (« This highlights that this metabolite is more detectable than its precursor and seems to easily cross the placenta to reach the fetus. »). Étonnamment, l'article ne<br /> mentionne pas le N-Acetyl-glufosinate.<br /> <br /> Étonnant que l'on puisse publier un article avec des erreurs flagrantes et un anglais défectueux (voir par exemple la première phrase du résumé – il n'y a pas de meilleur départ).<br /> <br /> Étonnant aussi que l'on puisse communiquer uniquement sur ce que l'on a trouvé, alors que l'absence de certaines molécules (chimiques comme ne manquerait pas d'ajouter Mme Marie-Monique Robin)<br /> était tout aussi intéressante, sinon plus (http://www.usherbrooke.ca/medias/nouvelles/nouvelles-details/article/15390/).<br /> <br /> Ou peut-être tout cela n'est-il pas si étonnant...<br /> <br /> <br />
F
<br /> Difficile de comprendre comment des conclusions si surprenantes et tellement novatrices sont présentées sans aucune des mesures contrôle minimales pour leur validation et leur interprétation :<br /> - dosage dans le sang d'une tout autre protéine que Cry, également présente dans l'alimentation (RUBISCO ou autre), et en cas d'absence: hypothèses sur la spécificité de non digestion, passage et<br /> maintien dans le sang de la seule Cry !<br /> - dosages dans un "panier de ménagère" des différents composés retrouvés dans le sang, pour déterminer quelle proportion des produits ingérés se retrouvent ainsi dans la circulation sanguine. S'il<br /> s'agit de génération spontanée de produits absents ou moins concentrés dans l'alimentation et apparus dans le sang de ces dames (pourquoi donc pas de sang de canadiens, et seulement de canadiennes<br /> ?), cette découverte extraordinaire mérite quelques hypothèses.......<br /> Sans ces chiffres témoins, rien ne permet de prêter la moindre attention aux résultats publiés.<br /> Curieux aussi que le document n'ait pas subi de relecture avant impression, car on voit apparaître en §2.5 un curieux PAGMP qui correspond probablement au PAGMF.<br /> Cet article ne serait-il pas sorti le 1er Avril ?<br /> <br /> <br />
Y
<br /> Votre contestation est plus qu'une mise en doute. C'est une vraie réfutation. Sera-t-elle efficace? La mauvaise foi est plus résistante que la bonne!<br /> <br /> <br />
N
<br /> Bt is a natural biological compound.<br /> Any toxic effect evidence untill now?<br /> <br /> <br />
M
<br /> <br /> For target insects, YES. Not for all insects since it is a specific insecticide. No toxicity has been reported for human beings, neither when used in natural pesticide formulations (used in<br /> organic farming and gardening) nor when produced by GM plants. Note that Aris and Leblanc do not report any ill-effect for women or new-born babies despite an alleged presence of a Bt type<br /> protein (Cry1Ab) in their blood! Alleged only...<br /> <br /> <br /> <br />