Sous cette forme, la question n'a aucun sens : un OGM est un organisme, et en l'occurrence une plante (PGM). Comme chacun sait, il n'y a pas de plante dans le lait ou dans la viande, même si l'animal qui les a produits a mangé des plantes.
La seule question pertinente pour le consommateur est : y a-t-il une différence pour la consommation humaine entre un aliment dérivé d'un animal nourri lui-même avec des aliments dérivés de PGM (soja, maïs ou colza) et un aliment équivalent dérivé d'un animal nourri avec des plantes conventionnelles ?
Il convient de garder en mémoire que toute la procédure de sélection d'une lignée de PGM, jusqu'à son autorisation de mise sur le marché, est basée sur sa comparaison avec une lignée conventionnelle connue, et notamment sur l'estimation de son équivalence en termes de qualité nutritionnelle et toxicologique. Si les aliments (PGM et conventionnel) sont équivalents, alors il est improbable qu'un animal consommant des aliments dérivés de PGM présente ensuite des qualités nutritionnelles différentes. Effectivement, il existe plus de 100 études dites nutritionnelles sur animaux de ferme qui toutes concluent à l’absence d’effet des aliments dérivés de PGM en comparaison avec des aliments dérivés des plantes conventionnelles de référence.
Lire l'article de synthèse de Gerhard Flachowsky (mars 2007)
Il existe cependant des différences détectables entre PGM et plantes conventionnelles : 1 (ou 2) gène(s) supplémentaire(s) (cet ADN est appelé transgène) qui permet(tent) à la plante de synthétiser 1 (ou 2) protéine(s) additionnelle(s) (une plante possède déjà environ 30 000 gènes).
A noter que l’ADN est un composé normal des aliments (un homme consomme entre 0,1 et 1 g d’ADN par jour, une vache 40 à 60 g). Dans cette ration, le transgène des PGM représente environ 0,005 % de l’ADN alimentaire total (si l’individu consomme 50 % de PGM dans son alimentation).
Cet ADN, ou la protéine correspondante, représente la seule possibilité de différencier un aliment végétal dérivé de PGM d'un aliment dérivé de plantes conventionnelles. Pouvoir différencier un animal nourri de PGM d'un autre supposerait que soit le transgène de la PGM, soit la protéine correspondante, puisse être détecté dans l'animal. Or les animaux, comme l'homme, dégradent l'ADN et les protéines alimentaires.
Cependant, sachant que nous disposons aujourd'hui de méthodes de détection extrêmement sensibles, des traces de cet ADN (ou de la protéine) peuvent-ils encore être détectées, après digestion, dans l'animal nourri de PGM ?
De manière générale, la réponse est non.
La digestion de l’ADN et des protéines est initiée dans l'estomac (dans le rumen chez les ruminants). Elle se poursuit dans les intestins. Une fraction des fragments d'ADN digéré peut franchir la barrière intestinale puis continue à être digérée jusqu'à disparition complète.
Un article de synthèse de TW Alexander et collaborateurs (2007). Résumé en français.
L’avis de l’EFSA en bref et en détails
Les résultats les plus récents concernant le lait.
Une étude par Agodi et coll. (2006) a détecté des petits fragments d'un tel ADN dans le lait de vache, mais cela a été interprété par les auteurs comme des contaminants extérieurs lors de la récolte du lait (pouvant émaner d'aliments dérivés de PGM ou de bactéries possédant naturellement ce gène).
Une étude de Tudisco et coll. (2010) portant sur des chèvres rapporte la détection de fragment de transgènes de soja dans le sang et le lait, ainsi que dans différents organes de chevreaux nourris uniquement de lait maternel, ce qui est a priori surprenant (le lait maternel ne contenant que des traces de transgène, il est étonnant qu’ils subsistent dans le chevreau…).
Une étude de Guertler et coll. (2009) n’a trouvé ni l’ADN du transgène d’un maïs insecte-résistant, ni la protéine insecticide, dans aucun des échantillons de lait de vache analysés. Ce que le même groupe a confirmé en 2010 pour le lait, le sang et l’urine de vaches nourris pendant 25 mois de ce maïs GM. Lire aussi.
Les résultats les plus récents concernant le sang.
Paul et coll. (2008) n’ont pas détecté la protéine insecticide de maïs insecte-résistants dans le sang de vaches. De même, Bertheau et coll. (2009) n’y ont détecté ni la protéine, ni l’ADN du transgène. Sur les travaux de l'INRA : lire.
En conclusion : il n’existe aujourd’hui aucune méthode de détection qui puisse, de manière routinière, fiable et a posteriori, vérifier la sincérité des allégations commerciales (notamment d’enseignes de grande distribution comme Carrefour) quant à des produits alimentaires qui proviendraient d’animaux « nourris sans OGM ».
En l’état des connaissances, cette conclusion peut être étendue à d’autres animaux.
Chez le poulet, Rehout et coll. (2008) rapportent la détection dans 3 échantillons de foie d’ADN d’un transgène de soja (mais pas de maïs), mais sans pouvoir le confirmer en répétant l’expérience. Swiatkiewicz et coll. 2010 n’ont pas détecté de fragment de transgène dans le sang, organes internes ou œufs de poules. Chez le lapin, la détection de fragments d’ADN alimentaire n’a pas été possible (hors cas particulier). Chez les poissons, certaines études, mais pas toutes, ont détecté des traces de petits fragments de transgènes de PGM ayant passé la barrière intestinale, mais leur présence n’est pas durable.