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  • : OGM : environnement, santé et politique
  • : Actualité et faits scientifiques sur les OGM
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Introduction

Le propriétaire de ce site ne dit pas si les OGM c’est bien ou mal, s’il faut en manger ou pas. Il n'est payé ni par Monsanto, ni par Carrefour, ni par Greenpeace... (lire la suite).    ENGLISH VERSION uk-flag                                                    

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L'auteur

Marcel Kuntz est biologiste, directeur de recherche au CNRS et enseignant à l’Université Grenoble-Alpes, ses seules sources de revenus. Ses analyses n'engagent pas ses employeurs.

Dernier ouvrage:

Glyphosate, le bon grain et l'ivraie

 

Précédent : L'affaire Séralini: l'impasse d'une science militante

Autre ouvragecouv grand public :

OGM, la question politique

 

 

Ouvrage précédent: Les OGM, l'environnement et la santé  

 

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24 juin 2014 2 24 /06 /juin /2014 06:40

Rappel du contexte

La publication de Séralini et collaborateurs en septembre 2012, accompagnée d’une opération médiatique de grande envergure, a suscité de nombreuses critiques, y compris de personnes qui n’étaient pas intervenues précédemment dans le débat sur les OGM et sans implication dans les biotechnologies. Après avoir publié les critiques et les réponses des auteurs, le journal Food and Chemical Toxicology (FCT) a logiquement retiré cette publication aux conclusions erronées quant à la toxicité du maïs génétiquement modifié NK603 et de l’herbicide associé.

Il n’est pas illégitime que Séralini et coll. republient leur étude retirée. La question qui se pose est double : a-t-il été tenu compte des critiques (ce qui serait une démarche normale en science) et le journal qui publie cette nouvelle version est-il crédible (ne pouvant ignorer les critiques formulées, un journal scientifique digne de ce nom doit veiller à ce que le processus de relecture soit approprié à cette situation).

 

 Lecture critique de la republication

Les auteurs ont essentiellement repris les mêmes conclusions déjà réfutées, en se contentant d’arguments verbaux pour noyer les critiques, sans prendre en compte celles qui sont fondamentales.

Nous prendrons ici uniquement l’exemple des tumeurs. La race de rats utilisée est sujette au développement spontané de tumeurs. Identifier dans un groupe de rats donné un nombre accru de tumeurs, dans un bruit de fond élevé, de manière statistiquement fiable, nécessite un nombre important d’individus. La présente republication est toujours déficiente sur ce point.

Ces tumeurs étaient l’élément le plus spectaculaire de l’opération médiatique menée par les auteurs. Il faut noter qu’ils ont montré des photographies de 3 rats : un rat ayant consommé l’OGM NK603, un autre ayant bu l’herbicide Roundup et un troisième ayant absorbé les deux. Contrairement à la démarche scientifique la plus élémentaire, il n’a pas été montré de rats contrôles (sans consommation de l’OGM ni de l’herbicide). Ces rats contrôles ne sont toujours pas montrés dans la republication (bien évidemment ces rats contrôles étaient porteurs des mêmes tumeurs). Nous sommes donc en présence d’une utilisation de l’image qui ne s’inscrit pas dans une démarche scientifique, mais dans une volonté de propagation d’une thèse (erronée). L’assemblage suivant (en forme de boutade) résume ce à quoi aurait pu resembler une présentation scientifiquement correcte, mais sans le même effet médiatique... 

toutes images de ses rats l'y nient

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Réflexions critiques sur le journal

Cette republication parait dans Environmental Sciences Europe qui est un journal qui a l’habitude de publier des articles de militants anti-OGM.

 

Conclusions

Nous ne sommes pas ici dans une controverse scientifique. J’ai proposé dans mon dernier ouvrage de décrire ce phénomène nouveau par le terme de  "science" parallèle :

-  La mise en cause des OGM (et d’autres technologies) n'est pas basée sur des faits, mais sur des choix personnels.

-  La "science" parallèle est imperméable aux critiques du reste de la communauté scientifique (2 droites parallèles ne se rejoignent jamais). 

-  Seule compte la médiatisation de l'opération : il ne s'agit pas de convaincre les autres scientifiques, le but de toute publication scientifique traditionnelle. L’opération est d'autant plus efficace qu'elle s'approprie pour les non-initiés le prestige d'une démarche "scientifique".

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23 juin 2014 1 23 /06 /juin /2014 13:32

uk-flag read the English version below

 

drapeau francais

canada dryCa a la couleur de la science,

le gout de la science…

mais ce n’est pas de la science,

 

c'est la "science" Canada dry 

  

 

Les écologistes politiques aiment la science … quand elle confirme leurs vues. Quand elle contredit leur a priori, plutôt que de changer d’opinion, ils préfèrent changer  de science.

Ils ont ainsi créé une « science » parallèle au service planifié de leur projet politique. Elle vise à remplacer les scientifiques, notamment pour l’évaluation des risques, par des « experts » (souvent autoproclamés) sympathisants du projet politique. La « science » parallèle s’habille de termes valorisants, comme « science citoyenne »  ou «indépendante», ou « lanceurs d’alerte ».

couv                        Voir des exemples dans mon dernier ouvrage.

 

 

 

 

 

 

Un vrai danger pour la compréhension publique des travaux scientifiques

Cette « science » parallèle a ses publications hétérodoxes très médiatisées, ses « conférences » de scientifiques militants de la cause, ses « instituts » de recherche (où se mélange « science parallèle », idéologie et business) et même ses journaux « scientifiques ».

Dit autrement, la « science » parallèle a des moyens financiers colossaux…

 

L’exemple d’Environmental Sciences Europe (support de la republication de l'article retirée de Séralini et coll.)

Ce journal a été créé en 1989 sous le nom de Umweltwissenschaften und Schadstoff-Forschung. Il a pris son nom actuel en 2011. Il n’a pas de facteur d’impact.

Ce journal a publié 22 articles sur les OGM.

15 sont signés d’auteurs notoirement opposés aux OGM (certains papiers font montre d’un ton particulièrement agressif), ou/et membres d’organisations anti-OGM, ou qui ont reçu des financements de lobbies anti-OGM.

2 articles ne montrent pas de biais particulier contre les OGM et 2 sont des réponses de scientifiques mis en cause dans des articles biaisés publiés par le journal.

3 articles sont signés d’un membre du comité de rédaction du journal : ils ne montrent pas de biais, mais indiquent que ce comité n’est pas ignorant des dossiers OGM et doit donc être en mesure d’identifier la nature militante d’une majorité d’articles publiés par leur journal.


Ce journal affirme que ses articles font l’objet d’une relecture par des « pairs » (peer reviewing) : c’est parfaitement exact ! Les relecteurs sont bien des « pairs », en ce sens qu’ils partagent certainement les idées des auteurs…

 

En résumé : il s’agit d’un journal qui n’a pas d’influence sur l’avancée des sciences, qui publie quelques textes non-militants qui servent de faire valoir à la majorité d'articles de « science » parallèle. L’intérêt principal de ce journal est d’être un Who’s Who des organisations de la « science » parallèle anti-OGM en Europe.

 

 

uk-flag The spread of parallel “science”

 

Political ecologists like science ... when it confirms their views. When it contradicts them, rather than changing their minds, they prefer to change science.

They have thus created a parallel “science” to serve a planned political project. It aims to replace scientists, especially for risk assessment, by “experts” (often self-proclaimed) supportive of the political project. This parallel “science” is hidden behind positive terms, such as “citizen science” or “independent” or “whistleblowers”.

 

A real danger for public understanding of science

This parallel “science”, alongside its highly publicized heterodox publications (example and refutations), organizes “conferences” inviting activist scientists sympathetic to the cause, owns “research institutes (mixing parallel “science”, ideology and business) and even “scientific” journals.

In other words, parallel “science” has huge financial means...

 

An example of such a journal (chosen by Séralini to republish his retracted paper)

Environmental Sciences Europe was established in 1989 as “Umweltwissenschaften und Schadstoff-Forschung (German for Environmental Science and Pollution Research)”, but changed to its current name in 2011. It has no impact factor.

 

This journal has published 22 articles dealing with GMOs.

15 are from authors opposed to GMOs (some papers have a quite aggressive tone) or members of anti-GMO organizations, or financed by anti-GMO lobbies.

2 papers have no obvious anti-GMO bias and 2 are replies to biased articles published in the journal.

3 articles are co-authored by a member of the journal’s editorial board, with no obvious anti-GMO bias, but indicating that the editorial board is aware of issues surrounding GMOs and therefore should have been able to identify the biased nature of most articles published on GMOs in their journal.


The journal claims to be peer-reviewed. This is perfectly true! Reviewers are “peers”, in the sense that they share the authors’ ideas…

 

In conclusion, this journal has no influence on the advancement of science.  It does publish non-activist articles, which can be considered as stooges for parallel “science” texts. The main interest of this journal is to be a Who's Who of anti-GMO parallel “science” organizations in Europe.

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12 juin 2014 4 12 /06 /juin /2014 20:05

Derrière ce titre provocateur est posée une question légitime, celle du bilan de l’activisme environnementaliste, entre contre-pouvoir, prises de conscience et réactions salutaires face à notre impact sur l’environnement et, d’autre part, un projet politique -voire un intégrisme- peu soucieux des faits scientifiques, incapables d’adopter des positions nuancées.

        Lire le tome 1 (dossier de l’interdiction du DDT contre la malaria).

 

TOME 2 : Le lobbying anti-Riz Doré, un dossier noir de l’écologisme 

Lire Sauvez les baleines, oubliez les enfants. Par Henry I. Miller

Certains, comme Greenpeace, continuent de désinformer sur le Riz doré qui, à leurs yeux, a le tort d’être un « OGM ». On sait aujourd’hui que la consommation de quantités minimes de ce riz éliminerait les symptômes les plus graves de la déficience en vitamine A, là où le riz est l’aliment de base.

La destruction d’un essai de cet OGM humanitaire aux Philippines en août 2013 a suscité la réprobation.

 

Réconcilier Ecologie et Ethique

Dans sa vision idéologique, l’« écologie » politique a accumulé les mensonges sur les OGM et ne peut plus s’en dégager.

Condamner à mort des centaines de milliers d’enfants plutôt que de regarder les faits n’est pas moralement défendable.

 

Autorisez le Riz Dore maintenant !

Le combat de l’association GoldenRiceNow

 

Venez rencontrer l’association à Paris.

Mardi 17 juin 2014, de 9h à 10h30 au Bistro John Weng
20, rue du Faubourg Poissonnière, 75010 - Paris
(Métro: Bonne-Nouvelle)

 

Participez à la conférence-débat sur le Riz Doré 

Mercredi 18 juin 2014, de 18h30 à 21h30. Saf agr’iDées.

8, rue d’Athènes – Paris 9e

Communiqué de l'AFIS

 

Mise à jour: la couverture de presse

http://www.titrespresse.com/ca/article/le-riz-dore-plaide-sa-cause-en-europe?id=199509d14d6

http://www.lafranceagricole.fr/actualite-agricole/ogm-l-association-golden-rice-now-en-campagne-pour-la-mise-en-culture-du-riz-dore-90194.html

http://www.sciencesetavenir.fr/nature-environnement/20140618.AFP9917/le-riz-dore-plaide-sa-cause-en-europe.html

http://www.atlantico.fr/decryptage/greenpeace-accuse-crime-contre-humanite-anciens-responsables-wikiagri-1626033.html

http://www.leuksenegal.com/sport/item/43378-greenpeace-accus%C3%A9-de-crime-contre-l%E2%80%99humanit%C3%A9-par-l%E2%80%99un-de-ses-anciens-responsables

http://wikiagri.fr/articles/riz-dore-greenpeace-accuse-de-crime-contre-lhumanite/1151

http://www.maghrebo.com/tunisie/greenpeace-accuse-de-crime-contre-l%E2%80%99humanite-par-l%E2%80%99un-de-ses-anciens-responsable.html

http://www.rtl.be/info/economie/monde/1101456/le-riz-dore-plaide-sa-cause-en-europe

http://www.afriqueexpansion.com/depeches-afp/16301-le-riz-dore-plaide-sa-cause-en-europe.html

http://www.politicomag.com/article.php?item=3913&cat=5&le-riz-dore-plaide-sa-cause-en-europe

http://www.auxfrontieresdelascience.com/sujet-10869,le-riz-dore-plaide-sa-cause-en-europe

http://lafrance.co/d/299604/le-riz-dore-plaide-sa-cause-en-europe 

http://www.nordnet.fr/infos/environnement/le-riz-dore-plaide-sa-cause-en-europe/urn.newsml.afp.com.20140618.7b947358.06c0.4972.aa04.776162eb3f0f

https://fr.news.yahoo.com/greenpeace-accus%C3%A9-crime-contre-l-humanit%C3%A9-l-anciens-064031655.html

http://www.rtbf.be/info/societe/detail_le-riz-dore-un-ogm-pas-come-les-autres-plaide-sa-cause-en-europe?id=8295205

http://www.campagnesetenvironnement.fr/un-cofondateur-de-greenpeace-manifeste-pour-un-6847.html

http://magzlavie.com/le-riz-dore-plaide-sa-cause-en-europe/

http://www.combourse.com/News/Le_riz_dore_plaide_sa_cause_en_Europe__1630544.html

http://www.lapresse.ca/vivre/sante/nutrition/201406/18/01-4776977-le-riz-dore-plaide-sa-cause-en-europe.php

http://www.enviscope.com/News/Thematiques/Agriculture/Patrick-Moore-l-opposition-de-Greenpeace-au-riz-dore-entraine-des-millions-de-victimes,i21787.html

http://www.pseudo-sciences.org/spip.php?article2319

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7 juin 2014 6 07 /06 /juin /2014 09:06

Derrière ce titre provocateur est posée une question légitime, celle du bilan de l’activisme environnementaliste, entre contre-pouvoir, prises de conscience et réactions salutaires face à notre impact sur l’environnement et, d’autre part, un projet politique -voire un intégrisme- peu soucieux des faits scientifiques, incapables d’adopter des positions nuancées.

                                                                            Lire le Tome 2 : Le lobbying anti-Riz Doré

 

TOME 1 : Le lobbying anti-DDT, un dossier noir de l’écologisme ?

 

Jean Brissonnet a publié en décembre 2003 dans la revue de l’AFIS un article intitulé « Désinformation, paludisme et DDT. Selon que vous serez puissants ou misérables » 

qui présente le contexte de la lutte contre la malaria, l’apport du DDT comme insecticide contre le moustique vecteur de la maladie, et le tournant en 1962 lorsque paraît le livre à charge Le Printemps silencieux de l’écrivain Rachel Carson : « les milieux politiques sont interpellés et les industriels de la chimie mis en accusation ». Sous la conduite de son administrateur, William Ruckelshaus, l'Agence pour la protection de l'environnement (EPA) américaine interdit le DDT en 1972. Ruckelshaus est souvent accusé d’être un militant écologiste. D’un autre coté, l’usage agricole du DDT aux Etats-Unis était sans doute déraisonnable.

Redonnons la parole à J. Brissonnet : « Plus de fabrication, plus d’exportation et surtout plus de financement pour la lutte antipaludéenne, si elle inclut l’usage du DDT. Les pays pauvres qui manquent des moyens indispensables doivent cesser le combat. Pire, ils se voient menacés en cas de « désobéissance » du blocage de leurs exportations ». Sont cités les cas de l’Inde, du Sri Lanka et de l’Azerbaïdjan.

En avril 2014, le magazine de l’AFIS fait sa une sur « DDT et paludisme, une précaution mortelle », avec un dossier signé Jean-Paul Krivine (« DDT et lutte contre le paludisme : la réécriture de l’histoire »), et enfonce le clou : « Certaines associations écologistes ne veulent pas le reconnaître. Certains journalistes comme Stéphane Foucart voudraient le nier. Mais la réalité est là : les campagnes anti-DDT ont conduit à la disparition progressive du DDT dans la lutte contre le paludisme, avec des conséquences sanitaires majeures (des millions de victimes) ».

 

Un journaliste militant écologiste monte au créneau

S. Foucart, journaliste au Monde, réagit en parlant de « la fable de l'interdiction de l'insecticide DDT par les écologistes » (Le Monde, 25 avril 2014). Pour lui, « elle a été fabriquée de toutes pièces, dans les années 1990, dans les cercles néoconservateurs américains, sous la volonté et l'impulsion d'industriels emmenés par Philip Morris ».

Un brin complotiste, il écrit que l’AFIS agit pour « d'obscures raisons ». Plus intéressant dans cet article est la citation de George Monbiot (un célèbre militant écologiste) : « le DDT n'est pas interdit à des fins de lutte contre le paludismeL'interdiction mondiale du DDT ne concerne que ses usages agricoles et l'une des raisons à cela est d'assurer que les moustiques ne deviennent pas résistants à cette substance ».

 

On notera que Foucart était déjà monté au créneau dans Le Monde du 5 novembre 2011 (« Haro sur les écolos! ») en réaction au livre de Bruno Tertrais (L’Apocalypse n’est pas pour demain , Denoël, 2011), pour défendre l’action des écologistes dans le dossier du DDT.

A la suite du droit de réponse de B. Tertrais, Foucart réagit à nouveau, puis encore trois fois ! (lire 2, 3, 4), signe manifeste que le dossier est encombrant pour l’écologie politique…

 

Les termes du débat sont donc posés

Des écologistes nient toute responsabilité dans l’abandon du DDT dans la lutte antimalarienne, alors que d’autres avancent « une moyenne de deux millions de morts annuelles qui auraient pu être évitées » et ne l’ont pas été à cause des campagnes des organisations écologistes.

Brissonnet lui évoque, outre « les intégristes de l’écologie », « l’industrie chimique, [pour qui] les produits de remplacement sont une source de revenus importants », « l’industrie pharmaceutique, qui fournit les médicaments antipaludéens », ainsi que « les malthusianistes » souhaitant la réduction du nombre d’humains.

Pour le site Agriculture & Environnement : « les écologistes – et d’autres, comme l’Usaid – ont une part considérable de responsabilité dans la diminution progressive de l’usage du DDT dans les pays qui combattent le paludisme ».

 

Il y a donc à l’évidence nécessité de mettre toutes les données sur la table, afin de permettre aux historiens de trancher différentes questions cruciales :

-quelles ont été les motivations exactes de William Ruckelshaus pour imposer l’interdiction du DDT aux Etats-Unis ? Pourquoi n’a-t-il pas suivi le rapport Sweeney qui avait auditionné 125 experts ?

Il aurait reconnu en 1979 que « la décision était politique plutôt que scientifique ».

-quelles répercussions de cette interdiction aux Etats-Unis sur les programmes internationaux de lutte contre le paludisme ?

-quel rôle dans l’abandon du DDT a joué l’apparition de résistances à cet insecticide chez les moustiques vecteurs ? Une analyse de la littérature scientifique et de certaines bases de données estime que ces problèmes « techniques » (tous produits confondus) sont impliqués dans 32% des cas recensés de résurgence de la malaria.

-Les organisations écologistes ont-elles effectivement activement poussé à l’interdiction TOTALE du DDT, sans distinction de son usage ?

 

Quelques autres acteurs/témoins clés

Charles Wurster (chief scientist de l’Environmental Defense Fund, EDF, une organisation écologiste). Ses publications controversées ont contribué à la promotion des études sur les organismes non-cibles. En 1965, il avait publié une étude concluant à la disparition de 70% d’une population d’oiseaux (sur la base d’une population limitée à 12 individus…). En 1968, sa publication dans Science (sur l’impact du DDT sur des algues marines) avait été utilisée dans une campagne sur la « mort des océans » dont allait être responsable le DDT.

Lire une critique par Thomas Jukes

Sur l’oeuvre de Jukes, lire.

Sur l’opposition entre Wurster et Jukes, lire aussi Elena Conis.

et sur d’autres résultats scientifiques controversés, lire Robert Zubrin.

 

Donald R. Roberts et Richard Tren. Ils sont auteurs du livre The excellent powder. DDT’s political and scientific history (Dog Ear Publishing, 2010) et d’articles comme:

R. Tren, K. Hess & D. Roberts. Put DDT residues and human health in perspective. Chemosphere, Mar 2012.

R. Tren, R. Nchabi Kamwi, A. Attaran. The UN is premature in trying to ban DDT for malaria control. BMJ 2012; 345:e6801

 

Roberts et Tren dénoncent (voir par exemple : International advocacy against DDT and other public health insecticides for malaria control. Research and Reports in Tropical Medicine 2011:2 23–30) les organismes internationaux qui s’opposent à l’utilisation d’insecticides comme le DDT dans l’intérêt de la santé publique. Ils citent le Programme des Nations Unies pour l'environnement (UNEP), le Secrétariat de la Convention de Stockholm (cet accord international interdisant certains polluants organiques persistants signé en 2001 est entré en vigueur en 2004) et le Fonds pour l'environnement mondial(GEF). Pour eux, en dépit de financements généreux, guidés par un agenda idéologique, il n’y a pas aujourd’hui d’alternative efficace et bon marché comparable au DDT.

 

H. Bouwman. Expert pour la Convention de Stockholm et l’OMS, auteur d’études sur l’impact du DDT, il se présente comme un “centriste” sur cette question, parlant de « paradoxe » entre les avantages et les inconvénients :
H Bouwman, H van den Berg, and H Kylin.
DDT and malaria prevention: addressing the paradox. Environ Health Perspect, June 1, 2011; 119(6): 744-7.

Les critiques de R. Tren et D. Roberts

et la réponse des auteurs.

 

J. Gordon Edwards, professeur émérite d'entomologie de l'université de Californie à San José et membre très ancien du Sierra Club et de la Société Audubon. Lire de larges extraits de son article paru dans le magazine Fusion n°48 de novembre-décembre 1993.

 

Des malthusianistes, dont les déclarations sont rappelées par le site Agriculture & Environnement : Gaylord Nelson, Garett Hardin et Paul Ehrlich.

 

En complément : d’autres livres et articles

Paul Driessen. Eco-Imperialism: Green Power - Black Death (2005)

Thomas R. Dunlap & William Cronon. DDT, Silent Spring, and the Rise of Environmentalism: Classic Texts (2008)

H. van den Berg. Global status of DDT and its alternatives for use in vector control to prevent disease. Environ Health Perspect. Nov 2009; 117(11): 1656–1663

David Kinkela. DDT and the American Century: Global Health, Environmental Politics, and the Pesticide That Changed the World. The American Historical Review (2012) 117 (5): 1619-1620
W.M Jarman & K Ballschmiter.From coal to DDT: the history of the development of the pesticide DDT from synthetic dyes till Silent Spring.
Endeavour,November 20, 2012

 

Le rôle des écologistes politiques

Tous les arguments contre les écologistes ne sont pas recevables. Ainsi le film à charge de Rutledge Taylor, 3 Billion and Counting, fut critiqué par Amir Attaran qui par ailleurs défend le DDT.

Dans un article du New York Times en date du 8 janvier 2005, interrogés par son auteur Nicholas Kristof, le porte-parole du WWF Richard Liroff affirme que si les alternatives au DDT ne marchent pas, comme ce fut le cas en Afrique du Sud, alors il faut utiliser le DDT. Le porte-parole de Greenpeace acquiesça.

D’un autre coté, Katie Lewis dans son article « DDT stalemate stymies malaria control initiative » (CMAJ. Nov 4, 2008; 179(10): 999–1000) rapporte qu’en Ouganda, en avril 2008, après le début d’une campagne gouvernementale de traitement au DDT, des commerçants, des exportateurs et des écologistes (qui ne sont pas nommés) ont porté plainte et réussi à arrêter les traitements. Evènement anecdotique ou composant d’une stratégie de lobbying organisé ?

 

Des documents clés

Pour mettre sur la table des faits, la suite de ce présent article cite des documents tirés des sites web de l’organisation Beyond Pesticides, de Greenpeace, de l’International POP Elimination Network (IPEN), du Pesticide Action Network (PAN) et du WWF; documents pour la plupart aujourd’hui retirés de ces sites, mais qui ont été enregistrés et qui peuvent être dans leur intégralité mis à la disposition des historiens.

 

Beyond Pesticides

25 avril 2007, opposition affirmée contre la réintroduction du DDT contre la malaria et annonce que 59 organisations ont signé une déclaration intitulée « Preventing Malaria and Promoting Health Solutions to Malaria Beyond DDT ».

 

Greenpeace

Rapport annuel 1999 : à propos de sa campagne en Inde, en argumentant sur Bhopal, Greenpeace justifie son action de lobbying « contre les projets de l’industrie d’exclure le DDT des programmes d’élimination des POP » (polluants organiques persistants).

11 septembre 1999, lors des négociations pré-Convention de Stockholm, un communiqué se félicite qu’une majorité de pays se soient déclarés en faveur d’une élimination de « produits chimiques super-toxiques comme le DDT, les PCB et les dioxines ».

Greenpeace Toxic Site (2001) explique ce que sont les POP et réaffirme que le DDT a un impact sur la vie sauvage et la santé. Aucune distinction quant à l’usage du DDT n’est mentionnée dans ces documents.

 

IPEN (qui regroupe 260 ONG)

Dans le cadre des débats de la Convention de Stockholm (2001), le réseau écologiste demande l’interdiction de tous les POP, qui inclut le DDT. Aucune distinction quant à l’usage du DDT n’est mentionnée.

 

PAN

4 décembre 2000, demande d’un « global ban on the production and use of 12 of the worst of these chemicals, including DDT » (dans ce document le PAN rappelle que le DDT est interdit aux Etats-Unis depuis 1972).

28 septembre 2001, demande explicite d’« alternatives to DDT use of control of malaria and other diseases ».

28 septembre 2006, le porte-parole parle de « scandale » à propos du soutien de l’OMS à la réintroduction du DDT pour contrôler la malaria. A noter qu’en juillet 2006, le PAN affirmait que les pays qui veulent utiliser le DDT peuvent le faire, tout en clouant au pilori des personnes ou organisations supposées promouvoir le DDT.

3 mai 2007, communiqué triomphal suite à une déclaration d’un représentant de l’OMS (Dakar) en faveur de la réduction de l’usage du DDT (lorsque cela est possible).

 

WWF

30 juin 1998, dans un communiqué, il demande la suppression progressive et l’abandon final du DDT pour 2007, y compris contre la malaria.

2000, Claude Martin, Directeur général du WWF, attaque le DDT et affirme : « the continued use of DDT is a classical exemple of an inappropriate technological solution ». Il ne doit être utilisé qu’en recours ultime selon lui.

 

En résumé

Ces documents l’attestent : les organisations écologistes ont formé un large front de lobbying contre le DDT, en ne distinguant que rarement son usage agricole et de celui de la prévention de la malaria.

Il n’a pas pu être mis en évidence que ces organisations, suivant la citation de Montbiot dans le Monde du 25 avril 2014, souhaitait simplement éviter « que les moustiques ne deviennent résistants à cette substance ».

Les historiens devront établir quelle part exacte incombe à ce lobbying dans les décisions d’abandonner l’utilisation du DDT contre la malaria. Ou de ne pas redémarrer de nouveaux programmes lorsque les précédents ont été arrêtés (pour des causes qui peuvent être diverses, financières, politiques ou techniques).

 

Marcel Kuntz (dernier ouvrage : les OGM, la question politique)

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1 juin 2014 7 01 /06 /juin /2014 19:37

                                                 par Michel NAUD

   José Bové, le plus médiatisé des « citoyennistes », accédait à la célébrité par sa participation active à la destruction de semences biotechnologiques en 1998 (condamnation à quatre mois de prison avec sursis), puis en 1999 au saccage baptisé « démontage » du Mc Donald’s de Millau (trois mois de prison ferme) ainsi qu’à la destruction de la serre de confinement du CIRAD (de Montpellier (six mois de prison ferme). 

A l’issue de cette dernière condamnation, José Bové déclarait : «Aux ordres du pouvoir économique, les magistrats de Montpellier nous ont condamnés. Mais nous avons déjà gagné une bataille. Aucune firme privée ou publique n'a déposé depuis un dossier devant la commission de génie biomoléculaire pour pratiquer des essais.»  

Depuis, José Bové peut se targuer d’avoir gagné d’autres batailles. Par exemple la conversion des peines de prison en « jours amendes ». C’est ainsi qu’à l’occasion d’un énième procès, en 2006 à Bordeaux, pour la destruction de 2320 tonnes de maïs transgénique, la présidente du tribunal lui expliquait :  "Vous avez le choix de payer au terme de la période de 200 jours à 60 euros ou de faire un jour de prison par jour-amende non payé", en précisant qu'ils pouvait bénéficier d'une "réduction de 20% du montant" s'il payait sous un mois. Il n’est même plus  besoin de jours amendes puisque les « faucheurs volontaires » qui ont saccagé les vignes de Colmar se sont trouvés relaxés…  

 

Fermes des mille vaches 

Un nouvel épisode s’est ouvert la semaine dernière, le 28 mai 2014. Un collectif… « citoyen », bien sûr, et les militants locaux de la Confédération Paysanne ont décidé que la ferme intitulée la « ferme des mille vaches », ferme d’élevage pour la production de lait, ne correspondait pas à la vision qu’ils préconisent pour l’agriculture. Ainsi donc cette ferme, bien qu’ayant reçu toutes les autorisations et se construisant dans la légalité, doit être démontée, et d’inviter la presse, suivant leur savoir faire médiatique habituel, pour assister en direct au « démontage ». Les gendarmes embarquent quelques meneurs, dont le porte-parole de la Confédération Paysanne, pour les entendre et Hervé Kempf, à l’issue de son long reportage, de conclure « étrange pays, étrange gouvernement, en ce jour où le porte-parole du deuxième syndicat agricole français a passé la nuit, incarcéré. » José Bové, nouvellement réélu au parlement européen et candidat pour son groupe écologiste à la présidence de la commission européenne, déclarait à son tour « Je félicite la Confédération paysanne pour la détermination avec laquelle elle mène le combat pour une agriculture paysanne et contre les grands projets inutiles. » et de rajouter « Cette répression syndicale est complètement inacceptable. Je demande la libération immédiate des personnes gardées à vue. »

 

Séquestrations

C’est ainsi que les citoyennistes, déjà entraînés aux « inspections citoyennes » (ayant pénétré dans le centre d’Angers de l’INRA pour demander des comptes au chercheurs) passent au stade de l’incarcération. Le 30 mai 2014, en réponse à la garde à vue de leurs militants dans la Somme, un groupe de militants à séquestré un conseiller du Président de la république.  "Tant qu'ils ne seront pas libérés, nous resterons ici (...). C'est un nouveau genre de rapport. C'est une garde à vue mutuelle" expliquait ainsi sans rire un des représentants de la Confédération paysanne. Après la levée de la garde à vue des cinq militants retenus à Amiens, le conseiller sortait libre à son tour. 

Que peut-on constater ?

Les seules prises de positions politiques publiques sur ces affaires ont été celles de José Bové d’EELV, et ce pour se solidariser avec ces actions illégales.

Aucune prise de position gouvernementale. Pire, le ministre de l’agriculture, Stephane Le Foll, recevait les saboteurs et ne trouvait rien d’autre à leur dire que « Ce n’est pas mon projet. Je veux des agriculteurs à la tête des exploitations agricoles et pas des investisseurs. Ce n’est pas un modèle que je défends. »

A ce jour, la seule prise de position qui ose faire entendre une différence est celle de la journaliste Michèle Cotta dans le Point : « Des paysans ont saccagé une exploitation laitière géante de la Somme, avec la bénédiction de leur ministre. Une action stupide. »

 

Impunité totale

Le seul message adressé de facto aux destructeurs volontaires, que ce soit de champs, de fermes, d’usines, de centre de recherches publics ou privés, c’est celui de l’impunité totale pour les actions menées au nom du « citoyennisme ». C’est celui de la démission totale des gouvernements successifs de ces quinze dernières années, et que cela va en s’empirant. Pour paraphraser, de façon désabusée, une célèbre chronique de France Info, « nous vivons une époque postmoderne… »

Il serait temps, peut-être, de prendre conscience que, comme d’autres –ismes, le « citoyennisme » est une référence abusive, dévoyée, à la citoyenneté, qu’il lamine les libertés publiques tout comme l’égalité en droit des citoyens.

Que faut-il attendre pour que la délinquance « citoyenniste » soit reconnue pour ce qu’elle est ?

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31 mai 2014 6 31 /05 /mai /2014 18:00

LETTRE d'INFORMATIONS sur les PLANTES GENETIQUEMENT MODIFIEES
N° 224. 30 mai 2014
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LettreInfoPGM : conforme aux faits, sans conformisme. Pour s'abonner gratuitement à cette NewsLetter: https://listes.ujf-grenoble.fr/sympa/info/lettreinfopgm

Sommaire

1. OGM et politique

2. Opinions

3. Science

4. Rapports et livres

5. Divers

  

1. OGM et politique

-------------------------------------------------------------------

BLOCAGES POLITIQUES de la CULTURE des OGM en EUROPE

------------------------------------------------------------------

Conseil d'Etat : saisi en référé au sujet de l'arrêté interdisant la 

culture du maïs MON810, le juge a considéré que « les requérants ne 

justifiaient pas d'une situation d'urgence » (NB. comme en 2012, ce 

qui n'a pas empêché le Conseil d'Etat n'annuler l'interdiction en août 

2013 en examinant le fond de l'affaire).

http://www.revenuagricole.fr/focus-gestion/gestion-fiscalite-epargne/gestion-en-bref/13184-ogm-le-conseil-d-etat-confirme-l-interdiction-de-culture-du-mais-mon810

Le Conseil constitutionnel a considéré (sans se prononcer sur le fond) 

que la loi française interdisant la culture du maïs MON810 n'est pas 

anticonstitutionnelle.

D'autre part, l'Europe évolue vers un accord permettant le blocage des 

OGM dans chaque pays membre sans avoir à apporter des justifications 

scientifiques valides (comme précédemment).

http://www.lefigaro.fr/sciences/2014/05/28/01008-20140528ARTFIG00366-deux-bonnes-nouvelles-pour-les-anti-ogm.php

 

Au sujet des abus de droit de la puissance publique, lire aussi :

http://www.ifrap.org/Retour-sur-quelques-abus-de-droit-de-la-puissance-publique-ISF-prix-de-l-energie,14177.html

 

---------------------------------------------------------------------------

REACTIONS suite à la RELAXE de DESTRUCTEURS d'une EXPERIMENTATION SCIENTIFIQUE

-------------------------------------------------------------------------

La Cour d'Appel de Colmar a relaxé le 14 mai 2014 les 54 prévenus 

condamnés en première instance pour avoir détruit un essai OGM 

scientifique non marchand de l'Inra en août 2010

http://presse.inra.fr/Ressources/Communiques-de-presse/Proces-des-faucheurs-volontaires-de-Colmar-une-issue-judiciaire-un-necessaire-debat

Une déclaration signée par les dirigeants de douze organismes de recherche :

http://www.cirad.fr/actualites/toutes-les-actualites/articles/2014/institutionnel/faucheurs-de-colmar-recherche-et-universites-alertent-leurs-concitoyens

et l’académie d’agriculture de  France:

http://ddata.over-blog.com/xxxyyy/1/39/38/37/Communique-AAF-jugement-Colmar.pdf

L'échec de ce qui fut une expérimentation de sociologie postmoderne :

http://www.marcel-kuntz-ogm.fr/article-jugement-colmar-fiasco-sociologie-postmoderne-123662037.html

 

----------------------------------------------------------------------------------

CHINE: les OGM VUS COMME une CONSPIRATIONS OCCIDENTALE

par le COURANT MAOISTE

----------------------------------------------------------------------------------

http://blogs.wsj.com/chinarealtime/2014/05/26/dont-turn-your-back-on-gmos-yet-adviser-urges-china/

 

-------------------------------------------------------------

ETIQUETAGES des PRODUITS ALIMENTAIRES DERIVES de PGM

-------------------------------------------------------------

TAIWAN : une NOUVELLE LOI FIXE les MODALITES d'ETIQUETAGE

http://ussec.org/taiwan-passes-gmo-tolerance-regulations/

 

ETATS-UNIS

Vermont : une loi sur l'étiquetage stipule entre autres raisons que 

des « personnes avec certaines croyances religieuses s'opposent à 

l'usage de modifications génétiques pour produire des aliments. . . et 

par conséquent ont besoin de l'étiquetage pour se conformer à leurs 

croyances religieuses. . . »

La loi : http://www.leg.state.vt.us/docs/2014/bills/Passed/H-112.pdf

 

Californie : un projet de loi avance, entre autres, le même argument 

religieux :

« Without mandatory disclosure, consumers of foods produced through 

genetic engineering may unknowingly violate their dietary and 

religious beliefs ».

 http://www.leginfo.ca.gov/pub/13-14/bill/sen/sb_1351-1400/sb_1381_bill_20140221_introduced.pdf 

 

Un rapport CAST sur les impacts potentiels d'un étiquetage obligatoire 

et notamment les surcoûts induits pour le consommateur :

https://www.cast-science.org/publications/?the_potential_impacts_of_mandatory_labeling_for_genetically_engineered_food_in_the_united_states&show=product&productID=282271

Sur le même thème, l'étude de William Lesser (Cornell) indique un 

surcoût de 500 dollars par famille en moyenne par an:

http://dyson.cornell.edu/people/profiles/docs/LabelingNY.pdf

 


2. Opinions

---------------------------------------------------------------------------

FAUT-il un PRINCIPE d'INNOVATION « EQUILIBRANT le PRINCIPE de PRECAUTION » ?

--------------------------------------------------------------------------

Par Thierry Weil (Mines ParisTech, Académie des technologies)

http://www.la-fabrique.fr/Point_de_vue/faut-il-un-principe-d-innovation-equilibrant-le-principe-de-precaution

 

---------------------------------------------------------------------------

L'AGENCE FRANÇAISE pour la BIODIVERSITE : un AUTRE "MACHIN" ?

--------------------------------------------------------------------------

Par Christian Lévêque (Académie de l’agriculture)

http://www.agrisalon.com/actualites/2014/05/21/l-agence-francaise-puor-la-biodiversite-au-autre-machin

 

---------------------------------------------------------------------------

OGM : COMMENT la FRANCE se PRIVE du POTENTIEL de CROISSANCE de 

l'ALIMENTATION 2.0

--------------------------------------------------------------------------

Par Erwan Le Noan. http://toujourspluslibre.com/2014/05/23/ogm-comment-la-france-se-prive-du-potentiel-de-croissance-de-lalimentation-2-0/

 

--------------------------------------------------------------

ACTIVISME  ANTI-PESTICIDE et CONFLITS d'INTERET ?

--------------------------------------------------------------

http://www.agriculture-environnement.fr/actualites,12/pesticides-les-3-piliers-du,934.html

 

-------------------------------------------------------------

Les PAUVRES DOIVENT-ils PAYER pour les ANGOISSES des RICHES ?

--------------------------------------------------------------

Should The Poor Pay for the Anxieties of the Rich? Par David Zilberman

http://blogs.berkeley.edu/2014/04/21/should-the-poor-pay-for-the-anxieties-of-the-rich/

 

3. Science

------------------------------

BIOLOGIE SYNTHETIQUE

------------------------------

Le projet Sc2.0 de Jef Boeke (Johns Hopkins University) consiste à 

synthétiser le génome entier de la levure, en y incorporant des 

séquences favorisant des réarrangements et des délétions, afin 

d'examiner comment ces levures vont se comporter suite à ces 

modifications génomiques aléatoires. 

http://www.genscript.com/synthetic_biology.html

 

Utilisation et réglementation de la biologie synthétique, une opinion:

« Time to settle the synthetic controversy. If synthetic biology is to 

thrive, the world needs to decide now how the field should be 

regulated and supported » Par Volker ter Meulen

http://www.nature.com/news/time-to-settle-the-synthetic-controversy-1.15169#auth-1  

 

Propositions pour une vision européenne de la biologie synthétique :

http://www.bbsrc.ac.uk/news/policy/2014/140423-n-european-vision-for-synbio-published.aspx

 

-----------------------------------------------------------------------

PGM : est-il RAISONNABLE d'UTILISER d'autres MARQUEURS de SELECTION

que les GENES de RESISTANCE à un ANTIBIOTIQUE

--------------------------------------------------------------------------

La publication:

Alternatives to Antibiotic Resistance Marker Genes for In Vitro 

Selection of Genetically Modified Plants? Scientific Developments, 

Current Use, Operational Access and Biosafety Considerations. Didier 

Breyer, Lilya Kopertekh & Dirk Reheul. Critical Reviews in Plant 

Sciences., 2014, Vol 33(4) pages 286-330

http://www.tandfonline.com/doi/full/10.1080/07352689.2013.870422#.U38A9Pkwvcs 

 

-------------------------------------------------------

DUPONT PIONEER : NOUVELLE AVANCEE pour AIDER le MAÏS

à MIEUX SUPPORTER la SECHERESSE

--------------------------------------------------------

http://www.hoosieragtoday.com/dupont-pioneer-announces-new-innovation-to-help-corn-better-withstand-drought/

La publication:

Transgenic alteration of ethylene biosynthesis increases grain yield 

in maize under field drought-stress conditions. Jeffrey E. Habben et 

al. Plant Biotechnology Journal 2014. 

http://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1111/pbi.12172/abstract

 

4. Rapports et livres

------------------------------------------------------------------

9ème  RAPPORT PG ECONOMICS: GM CROP:

GLOBAL ENVIRONMENTAL IMPACTS 1996-2012.

-------------------------------------------------------------------

Parmi les principales conclusions :

-entre 1996 et 2012, les PGM ont permis d'accroitre la production de 

soja et de maïs de 122 et 231 millions de tonnes respectivement, et de 

18 millions de tonnes pour le coton et 6,6 pour le colza.

-si les PGM n'avaient pas été disponibles, il aurait fallu en 2012 les 

superficies additionnelles pour la même production mondiale (en 

millions d'ha) : 4,9 de soja, 6,9 de maïs, 3 de cotonnier et 0,2 de 

colza.

-les biotechnologies agricoles ont rapporté 18 milliards de dollars 

aux agriculteurs en 2012.

http://www.pgeconomics.co.uk/page/36/-gm-crop-use-continues-to-benefit-the-environment-and-farmers

Sur le même thème, au sujet d'un rapport de l'USDA, lire aussi :

http://www.innovationfiles.org/points-to-consider-gm-crops-have-provided-global-environmental-and-global-benefits/

 

--------------------------------------------------------------

NOURRIR la PLANETE : le ROLE de l'AMERIQUE LATINE

------------------------------------------------------------------

Le rapport « The Next Global Breadbasket:  How Latin America Can Feed 

the World »

publié par la Global Harvest Initiative (GHI) et l'Inter-American 

Development Bank (IDB).

http://www.globalharvestinitiative.org/index.php/media-resources/press-releases/new-report-positions-latin-america-and-the-caribbean-as-the-next-global-breadbasket/

 

---------------------------------------------------------------------------------

LES ADDITIFS ALIMENTAIRES et leur REEVALUATION dans le CADRE de l'UE.

-------------------------------------------------------------------

http://www.eufic.org/article/fr/artid/Food_additives_and_their_reevaluation_in_the_EU/

 

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IDEE RECUE

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Les auteurs ont passé au crible des connaissances actuelles quelques 

unes des « idées reçues » les plus répandues sur l'agriculture, 

l'alimentation et la forêt.

Synthèse de rapports d'étude n° 13083 CGAAER : « Trop exploitées les 

forêts disparaissent » Hervé Lejeune (coordonnateur)

http://agriculture.gouv.fr/Trop-exploitees-les-forets

 

---------

LIVRES

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QUEL FUTUR POUR NOTRE ALIMENTATION ? par Pierre Feillet (Editions 

QUAE, avril 2014)

Au sommaire : A quelles évolutions de la planète faut-il faire face ? 

Comment promouvoir des agricultures durablement productives ? Des 

usines remplaceront-elles la Terre nourricière ? Mangerons-nous 

autrement ? Innover pour nourrir  les hommes

http://www.quae.com/fr/r3364-quel-futur-pour-notre-alimentation-.html

 

Note de lecture sur

LES REVOLUTIONS AGRICOLES, EN PERSPECTIVE. Sous la direction de H. 

Regnault, X. Arnault de Sartre, C. Regnault-Roger (France Agricole)

http://www.pseudo-sciences.org/spip.php?article2289

 

5. Divers

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ALLEMAGNE : MacDONALD'S CHANGE de POLITIQUE et

VA UTILISER DES POULETS NOURRIS avec des OGM

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http://www.handelsblatt.com/unternehmen/handel-dienstleister/futtermittel-mcdonalds-erlaubt-gentechnik-burger/9812606.html

 

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AUSTRALIE : PRESENCE FORTUITE de PGM, l'AGRICULTEUR BIO DEBOUTE

-------------------------------------------------------------------------------

Eleveur de moutons et cultivateur d'avoine et de seigle, le plaignant 

Steve Marsh avait perdu sa certification bio suite à la présence 

fortuite de colza GM et avait porté plainte contre l'agriculteur 

Michael Baxter, producteur de colza. Un juge de la Cour Suprême l'a 

débouté en constatant qu'il ne pouvait pas y avoir transfert de gènes 

vers les cultures ou les animaux du plaignant et en estimant que la 

décision de l'organisme certificateur bio ne reposait sur aucune 

obligation contractuelle.

http://www.theaustralian.com.au/news/nation/west-australian-organic-farmer-loses-court-fight-against-gm-neighbour/story-e6frg6nf-1226934753825
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24 mai 2014 6 24 /05 /mai /2014 12:52

BoveCantatmai2014

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18 mai 2014 7 18 /05 /mai /2014 20:46

La Cour d’Appel de Colmar a relaxé le 14 mai 2014 les prévenus condamnés en première instance pour avoir détruit un essai OGM scientifique non marchand de l’Inra en août 2010. Il s’agissait d’une expérimentation sur une vigne où seul le porte-greffe était transgénique (vigne développée à l'origine pour étudier sa résistance au virus responsable de la maladie du court-noué) et l'essai en question visait à étudier l'interaction entre transgène et environnement. Le saccage de l’essai en 2010 avait été condamné par les ministres Pécresse et Le Maire

Autres éléments. 1. Le parquet général de Colmar a annoncé le 19 mai son pourvoi en cassation. 2. Déclaration signée par les dirigeants de douze organismes de recherche : "Au nom de la communauté scientifique, nous ne pouvons aujourd'hui qu'exprimer notre total soutien à l'Institut national de la recherche agronomique, l'INRA, et notre inquiétude forte face aux conséquences d'une décision de justice intervenue à son encontre le 14 mai". 3. Communiqué de l'Académie de l'agriculture de France.

Dernière nouvelleLa Cour de Cassation a cassé le jugement de la Cour d'Appel de Colmar le 5 mai 2015. 

 

Des risques mal évalués ?

La Cour d'appel de Colmar a jugé que l'Etat n'aurait jamais dû autoriser cet essai « sans véritable étude d'impact », qu’il y a eu « une erreur manifeste d'appréciation des risques inhérents » à l'expérience, réalisée dans un environnement non confiné.

Pourtant le Comité scientifique du Haut Conseil des Biotechnologies (HCB), l’autorité scientifique compétente, avait estimé, le 15 mars 2010, que « …compte tenu des caractéristiques des OGM disséminés, de la taille de l’expérimentation et des mesures préventives adaptées, […] l’expérimentation telle qu’elle est décrite […] ne présente pas de risques identifiables pour la santé humaine ou animale ou pour l’environnement. ». Même l’autre comité du HCB, le CEES, pourtant dominé par les lobbies anti-OGM, avait  «pris acte des dispositifs mis en place pour assurer au mieux la sécurité et la surveillance de l’expérimentation ».

Le prédécesseur du HCB, la CGB, avait aussi donné un avis favorable en 2004.

Notons aussi cette déclaration le 08 septembre 2009 du Sénateur Jacques Muller (les Verts), peu suspect d’être pro-OGM…, « les dispositions techniques mises en œuvre (à Colmar) étaient telles que l’on pouvait littéralement parler d’essai OGM en plein air confiné, tant la dissémination des gènes dans l’environnement et donc sa contamination étaient rendues techniquement impossibles ».

 

La Cour d’Appel s’est donc prononcé au sujet de faits scientifiques en suivant, non pas l’autorité scientifique compétente, mais en tranchant entre les opinions qui se sont exprimées (le parquet et les témoins des prévenus), en donnant raison en l'occurrence à l'opinion des opposants (d'autant plus facilement qu'ils ont rodé leur propre « science » parallèle). La science «normale» (CGB, HCB, les biologistes de l’INRA de Colmar, etc.) avait été suivie en première instance, mais pas même auditionnée en appel. C'est précisément une des caractéristiques de l'idéologie postmoderne -qui imprègne largement l’air du temps- que de considérer la science comme une opinion comme une autre, qui peut être contredite par n'importe quelle opinion. 

Au sujet du postmodernisme en science, lire : "Menaces postmodernes sur la science" et

"Volonté de mainmise sur la science". 

 

Une chapelle de sociologie devenue pensée unique

Ironie de l’histoire, ce postmodernisme judiciaire -associant relativisme et précautionisme- signe ainsi la faillite finale de l’expérience de sociologie postmoderne appliquée que fut cet essai de vigne à Colmar. En effet, ce n’est pas faire injure aux biologistes de l’Inra de Colmar que de rappeler que leur technologie (déjà ancienne) de résistance à un virus était obsolète (ce qui permettait néanmoins certaines études biologiques). Mais il s’agissait principalement de procéder à une expérience « participative » sous la forme d’un « modèle pilote de concertation avec la société civile » (la société civile étant en fait à Colmar limitée à des groupes motivées, c'est-à-dire des opposants qui ont accepté de participer). Ainsi l’un des sociologues à l’origine du projet s'auto-congratulait en 2007 car «l’expérience était hautement productive » (“the experiment was highly productive”).

 

Il conviendra d’établir, dans une démarche d’historien, comment une pensée bien particulière, celle des « science studies », historiquement imprégnée de relativisme (la vérité scientifique n’est qu’une « construction sociale »), dans un « cadrage postmoderne » idéologique (les technologies doivent être «co-construites») a pu devenir hégémonique à l’Inra et entrainer l’adhésion (et les financements) de sa Direction de l’époque.

En fait de « société civile », il a été donné un rôle exorbitant à un « comité de suivi » dominé par l’écologie d’idéologie, sans contrepartie aucune. Ce qui n’a pas empêché l’essai au champ d’être détruit en 2009, puis encore en 2010.

Après ce jugement de Colmar, les biologistes de l’Inra, qui ont joué le jeu avec une probité absolue, ont été les victimes de A à Z de cette idéologie postmoderne.

 

Autres documents

Lire la tribune de François Houllier, Président de l’Inra, dans un contexte où l’organisme est contraint par les politiciens de travailler exclusivement sur un « modèle agricole sans OGM cultivés et vers l’agro-écologie ».

 

Pour lire plus en détails mon analyse épistémologique, télécharger mes publications dans EMBO Reports :

The post-modern assault on science

Why the postmodern attitude towards science should be denounced

 

Pour se procurer mon dernier livre : OGM, la question politique (Presses Universitaires de Grenoble).

 

Autres exemples d’intrusions du postmodernisme dans des organismes scientifiques

Une mission exploratoire avait été confiée par le Président du CNRS dans le but de faire le point sur les actions susceptibles de rapprocher la science et les citoyens, qui fut détournée vers des « sciences citoyennes » non dépourvues de visées politiques...

Lire les détails        Lire la mise au point du Président du CNRS.

On peut se demander ce qui distingue la science ainsi adjectivée de la « science prolétarienne » ou de la « physique allemande » de sinistre mémoire… Au delà de cette remarque d'humeur, une science proche des citoyens peut recouvrir l’exigence démocratique de partage des connaissances, mais aussi être transformée en un partage de la production de  connaissances où certains prétendant représenter la « société civile » influent sur la méthode scientifique elle-même.

 

A la suite de la fusion de l’Afssa et de l’Afsset en 2010, l’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) ainsi créée s’est trouvée de fait investi par les sociologues postmodernes de l’Afsset. A la suite de critiques du postmodernisme parues sur le site de l’Association Française pour l’Information Scientifique (AFIS), un « rapport » portant le logo de l’ANSES, et financé par l’Anses, à pris violemment à partie des membres de l’AFIS. Lire les détails et la réponse de la Direction de l’Anses.

Faut-il comprendre que le concept de « balistique des controverses », que manie certains de ces sociologues, signifie qu’ils se considèrent autorisés à faire feu sur les scientifiques, mais que toute réplique à leur égard leur est insupportable…

 

On appréciera aussi l’absence de pluralité de vues dans la démarche de la chapelle postmoderne des « sciences studies » (qui veulent pourtant entrainer les scientifiques dans des « débats contradictoires », voire même « mettre la science en procès ») en remarquant que leur association aux colloques « Science de la vie en société » du Genopole a conduit à ce que soit exclusivement invités des personnalités des sciences humaines appartenant à leur propre chapelle lors de 4 colloques successifs !

 

On notera aussi le projet PGM/GMO90plus financé par l’argent du contribuable suite à l’agitation médiatique créée par la «publication-choc» de Séralini et coll. en septembre 2012 (et finalement retirée par le journal). Alors qu’il était apparu rapidement que les conclusions de Séralini étaient fausses, certains ont voulu y voir la nécessité d’«améliorer le protocole d’étude de la toxicité dite sub-chronique (à 90 jours) menée chez le rat en s'appuyant sur des concepts et des technologies les plus avancées, afin d'en optimiser le caractère prédictif à long terme ». La page ayant été retirée du site de l'ANSES, nous la reproduisons ici.

La non-nécessité scientifique des études sur animaux dans le cas des OGM ne sera pas discutée ici. 

En revanche, le caractère postmoderne de ce projet mérite d’être souligné ici : « Compte tenu du débat sociétal en France sur la question de l’impact environnemental et sanitaire des plantes génétiquement modifiées et de ses modalités d’évaluation, il est apparu nécessaire de concevoir un dispositif permettant d’associer la société civile dans le déroulement du projet ». Les objectifs assignées à cette instance de « dialogue » avec les parties-prenantes sont entre autres d’ « enrichir le contenu et la démarche de recherche ». La méthode scientifique va donc être améliorée par la "société civile"!

Manifestement les leçons de Colmar et des affrontements idéologiques au HCB n’ont pas été tirées : il est facile de prévoir que cette instance se transformera, comme les autres investies par l’idéologie, en une foire d’empoigne où les opposants aux OGM voudront dicter les conclusions scientifiques. Et où on verra les organisateurs céder petit à petit sur tout pour ne pas devoir reconnaître que leur démarche était, dès le départ, d’une naïveté confondante...

A suivre…

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7 mai 2014 3 07 /05 /mai /2014 17:36

Pour ou contre une proposition de loi visant à interdire la culture en France du maïs génétiquement modifié MON 810, autorisé dans la Communauté Européenne, sachant que cette loi sera annulée par le Conseil Constitutionnel car contraire aux lois de la Communauté. La grosse astuce est que le délai avant cette annulation sera suffisant pour interdire de fait de semer ce maïs cette année en France.

L'analyse d'Yves Barois, citoyen retraité néanmoins attentif. 


J’ai tenu à vous en informer pour deux raisons :

         • la première est un discours remarquable de M. Bernard Accoyer qui donne une excellente analyse, non seulement de la proposition de loi, mais également des doctrines et pratiques politiques des écologistes français et des relations surprenantes de deux partis politiques avec ces « mamanjaipeurs ».

         • la seconde est l’étonnant amendement proposé par Mme Brigitte Allain (député écologiste de la Dordogne) : une correction toute simple — remplacer « MON810 » dans le texte de loi par « les plantes génétiquement modifiées ». Cette proposition est le signe d’un esprit simpliste (c’est un euphémisme), et montre plus généralement que les Verts ont une doctrine comme certaines sectes, avec des articles de foi qui ne font pas dans la nuance, ici interdire toutes les plantes génétiquement modifiées, là arrêter l’électronucléaire, ailleurs supprimer les cultures à bon rendement, et bien d’autres lubies. Mes voisins agriculteurs (maïs, colza, tournesol…) me disent souvent que s’ils pouvaient semer un maïs résistant à certains prédateurs cela leur permettrait des économies substantielles en produits phytosanitaires. Un face-à-face avec Mme B. Allain, agricultrice également, serait plein d’intérêt !

 

Si vous souhaitez vous documenter sérieusement sur ces sujets je vous recommande :

         • OGM, la question politique. (Marcel Kuntz - Presses universitaires de Grenoble - janvier 2014) : tout à fait adapté au débat cité ci-dessus.

         • Ils ont perdu la raison. (Jean de Kervasdoué - Robert Laffont - janvier 2014) : sur les lubies gouvernementales récentes et à venir.

         • La démocratie des crédules. (Gérald Bronner - Presses universitaires de France - mars 2013) : pourquoi la désinformation domine dans les médias, en particulier sur Internet ; sur le recul de la pensée et du discours rationnel.

         • Un excellent site Internet pour se tenir informer de l’état des connaissances sur beaucoup de sujets visés par la désinformation, de l’Association pour l’information scientifique (AFIS) bien entendu accusée de « scientisme », d’être suppôt des lobbies OGM, nucléaire, téléphoniques… par les « mamanjaipeurs ».

 

Voir ci-dessous deux extraits de ce débat du 15 avril 2014 à l’Assemblée Nationale.

Source  et en vidéo  

 

CITATION 1 :

  — M. BERNARD ACCOYER. Cette nouvelle proposition de loi interdisant la mise en culture du maïs génétiquement modifié MON 810 est, comme les précédentes, contraire à la Constitution mais également à plusieurs dispositions légales et réglementaires. Elle n’a pas de fondement scientifique sérieux. Elle s’inscrit dans une idéologie et un renoncement politiques qui s’opposent au progrès en s’appuyant sur des allégations sans preuve et des peurs injustifiées.

 

  Le choix du Gouvernement de soutenir cette proposition de loi, qu’il a fait inscrire dans son ordre du jour réservé, revêt un caractère paradoxal. D’une part, le Gouvernement affiche dans ses discours l’objectif de redressement économique et de compétitivité en se tournant vers la recherche et l’innovation, une démarche justifiée que nous partageons, mais, d’autre part, il barre la route à la transgénèse, à nos semenciers, à l’agriculture française, à l’innovation et au progrès. Même si le Gouvernement français n’est pas le seul en Europe à refuser la transgénèse, il est celui dont l’attitude est la plus acharnée, la plus incompréhensible sur le plan scientifique et sur le plan économique. Cette attitude s’inscrit dans une dérive déconstructrice qui menace les fondements de notre société et de notre histoire nationale.

 

  Monsieur le ministre, mes chers collègues, puisque que j’ai l’honneur de soutenir une motion de rejet préalable au nom du groupe UMP, je dois d’abord rappeler que cette proposition de loi est contraire à l’article 88-1 de la Constitution, qui reconnaît le principe de primauté du droit européen sur la loi française. Elle est également contraire à l’article 54 du règlement 178/2002 du Parlement européen et du Conseil du 28 janvier 2002 qui fixe les procédures que tout État membre doit respecter pour assurer la sécurité alimentaire de ses citoyens. En effet, le droit européen ne permet pas aux États de prendre une mesure d’interdiction générale de la mise en culture de variétés de maïs génétiquement modifié sur son territoire national. Pour prendre de telles mesures de suspension ou d’interdiction de l’utilisation ou de la mise sur le marché d’un OGM tel que le MON 810, l’État membre doit informer la Commission des mesures envisagées et établir, je cite, « outre l’urgence, l’existence d’une situation susceptible de présenter un risque important mettant en péril de façon manifeste la santé humaine, la santé animale ou l’environnement ». Or nous ne sommes pas devant un tel péril.

  Le Conseil d’État l’a rappelé dans son arrêt en date du 28 novembre 2011, faisant suite à un arrêt de la Cour de justice de l’Union européenne en date du 8 septembre 2011. Cet arrêt du Conseil d’État a d’ailleurs annulé l’arrêté ministériel de 2007 suspendant l’utilisation des semences de maïs MON 810. Le Gouvernement français a de nouveau essayé de faire jouer la clause de sauvegarde, en 2012, mais ce nouvel arrêté a été à son tour annulé par le Conseil d’État le 1er août 2013. Je voudrais rappeler les motifs de cette décision du Conseil d’État, quasi identique à celle qu’il avait rendue le 28 novembre 2011 à l’encontre d’un arrêté pris par le précédent gouvernement. Je cite l’arrêt du Conseil d’État : « Il ressort des termes mêmes de l’avis du 8 décembre 2011 de l’Autorité européenne de sécurité des aliments que le maïs génétiquement modifié MON 810 n’est pas susceptible de soulever davantage de préoccupations pour l’environnement que le maïs conventionnel. » Le Conseil d’État s’est appuyé sur l’avis des agences publiques européennes telles que l’Autorité européenne de sécurité des aliments. Or, si la France s’est elle aussi dotée d’agences, c’est pour disposer d’avis scientifiques objectifs offrant le maximum de garanties. Si nous essayons de les faire mentir quand ces avis ne nous conviennent pas, à quoi bon avoir créé ces agences et sur quels repères scientifiques s’appuyer ? 

 

  Cette interdiction ne peut pas davantage se fonder sur le principe de précaution proclamé par la Charte de l’environnement inscrite dans le Préambule de la Constitution. Ce principe dispose, je cite, que « lorsque la réalisation d’un dommage, bien qu’incertaine en l’état des connaissances scientifiques, pourrait affecter de manière grave et irréversible l’environnement, les autorités publiques veillent, par application du principe de précaution, à la mise en œuvre de procédures d’évaluation des risques et à l’adoption de mesures provisoires et proportionnées afin de parer à la réalisation du dommage. »

  En l’espèce, les innombrables études scientifiques déjà réalisées, les millions d’hectares de surfaces cultivées dans le monde sans aucun dommage, même minime, permettent d’écarter « l’éventualité d’un dommage pouvant affecter de manière grave et irréversible 1’environnement ». L’interdiction que le groupe socialiste nous propose aujourd’hui d’adopter n’est pas, à l’évidence, une mesure proportionnée au sens de la Charte de 1’environnement. Cette interdiction se fonderait sur une approche purement hypothétique du risque, sur de simples suppositions scientifiquement jamais vérifiées.

  À cet égard, je veux souligner que la publication de Campagne et al., 2013, expressément citée – c’est d’ailleurs la seule – dans l’exposé des motifs de la proposition de loi du groupe SRC, n’apporte pas de nouvel élément scientifique probant. Et pour cause, l’insecte ravageur Busseola fusca auquel cette publication se réfère est un papillon présent uniquement en Afrique subsaharienne. Cette référence n’a donc pas de rapport avec le cas, comme l’a très bien rappelé Georges Pelletier, ancien directeur de l’INRA et membre de l’Académie des sciences, dans la lettre ouverte qu’il a adressée au Gouvernement le 20 janvier dernier.

 

  Ainsi, en aucun cas, le Gouvernement et sa majorité ne peuvent recourir à la loi pour prononcer l’interdiction. En effet, une fois que l’autorisation a été donnée, elle s’impose à l’ensemble des pays de l’Union européenne.

 

  En réalité, aucune situation d’urgence ni aucun risque pour la santé ni l’environnement ne justifie une telle proposition, parce que nous disposons en France d’un arsenal juridique d’encadrement des mises en culture des espèces OGM pleinement respectueux du principe de précaution, et élaboré après un travail approfondi.

  Nous avons légiféré en 2008 pour transposer la directive 98/8/CE. Le texte adopté a permis de doter la France de dispositions législatives équilibrées et complètes. Avec l’affirmation de la liberté de produire ou de consommer avec ou sans OGM, la volonté de l’agriculteur et celle du consommateur sont respectées. Ce texte fondateur a instauré un régime de responsabilité sans faute à l’égard du préjudice éventuel dû à une dissémination fortuite d’OGM. Il a également mis en place une information des citoyens par le biais d’un registre national des cultures OGM. Les questions de dissémination et de pollinisation croisée ont été traitées par l’instauration de distances appropriées entre différents types de cultures.

  Enfin, le législateur a pris soin de créer une instance unique, indépendante et pluridisciplinaire, le Haut conseil des biotechnologies. Au sein de cet organisme, il a bien distingué l’avis des experts, réunis au sein du comité scientifique, de la parole de la société civile, représentée par le comité économique, éthique et social, dans le respect des points de vue de chacun.

  Aujourd’hui, notre arsenal législatif est largement suffisant. Efforçons-nous simplement de le respecter et de l’utiliser comme il convient. Cette proposition de loi ne respecte donc pas les règles de notre constitution, ni la législation européenne, ni même nos lois en vigueur, et c’est pour cela que le Sénat l’a sanctionnée et que nous devons à notre tour la sanctionner.

 

  Monsieur le ministre, mes chers collègues, en vérité, derrière cette proposition totalement contraire à l’État de droit– nous l’avons démontré –, il y a surtout le chantage permanent qu’exercent les Verts sur leurs partenaires socialistes, sur le Gouvernement et les pressions qu’ils mettent sur les médias et l’opinion. A-t-on jamais vu une telle précipitation ? Quel danger imminent pour la population justifie une telle accélération de la procédure parlementaire sans que nous disposions d’une étude d’impact, sans l’avis du Conseil d’État, sans celui de l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques, ni celui du Haut conseil des biotechnologies ?

 

  C’est dans la même précipitation que les présidents de la commission du développement durable et de la commission des affaires sociales nous ont fait auditionner, toute affaire cessante, le professeur Séralini, scientifique contesté, le 9 octobre 2012, sur le mode d’un plan médias totalement opposé aux fondamentaux de toute publication scientifique méritant ce nom. Depuis, les conditions de réalisation de cette sulfureuse étude ont été récusées par la totalité de la communauté scientifique. Cette publication a même été retirée de son site par la revue qui l’avait mise en ligne.

 

  Cette précipitation des socialistes à courir une nouvelle fois derrière les Verts pourrait apparaître comme dérisoire, si elle n’était catastrophique pour la filière semencière française, longtemps la première du monde, filière qui est ainsi victime de l’idéologie et du sectarisme. Aujourd’hui, la recherche semencière française est dans une situation catastrophique. En réalité, est apparue en France, il y a une quinzaine d’années, une idéologie qui se refuse à accepter les données de la science. Cette idéologie n’accepte pas les données scientifiques objectives ni les conclusions rationnelles. Pourtant, celles-ci sont admises comme vérités par l’immense majorité de ceux et de celles qui composent la communauté scientifique mondiale.

  Les thèmes de prédilection de ces idéologues se caractérisent par de grossiers amalgames, des contre-vérités, des peurs et des menaces sur lesquels ils construisent leurs discours. Ainsi, parler comme eux des OGM, qui constituent un ensemble gigantesque et illimité, traduit une opposition de parti pris contre une technique qui permet de modifier les propriétés d’une espèce vivante. Or l’homme a depuis toujours, au travers du travail de sélection et de croisement, cherché à obtenir des semences pour produire les espèces végétales les plus favorables aux meilleures productions selon les besoins.

  Le préjugé de ces idéologues est de refuser la transgénèse végétale, quelle qu’elle soit, quand celle-ci est introduite par la main de l’homme. C’est sans fondement, c’est sans logique, c’est péremptoire ! Et pourtant, ces idéologues ont réussi à convaincre une part importante de l’opinion publique. Il faut dire que leurs méthodes pour persuader sont celles de la manipulation sectaire, fabriquant leurs propres vérités, accusant leurs détracteurs de conflits d’intérêt et de corruption, les menaçant et allant même jusqu’à l’illégalité et à la violence comme l’ont fait les faucheurs volontaires de M. Bové, en détruisant cultures autorisées et expérimentations scientifiques avec la complaisance de beaucoup de médias friands de polémiques, de scénarios catastrophes, de complots et de peurs – autant de scénarios dont ces idéologues sont des spécialistes. Les premières victimes de ces idéologues sectaires sont les agriculteurs, les semenciers et les chercheurs : trois secteurs majeurs pour notre économie, notre compétitivité et notre avenir. Mais au-delà, ce sont tous les citoyens qui sont abusés et lésés. Les gouvernements successifs de notre pays ne sont pas sans responsabilité, car ils ont manqué et ils manquent toujours non seulement de culture scientifique, mais surtout de courage politique. C’est encore le cas aujourd’hui de la majorité et du gouvernement qu’elle soutient.

 

  Toutefois, je reconnais volontiers que, dans le passé, la majorité de droite n’a pas toujours fait preuve d’assez de courage et je le dénonce tout autant. Mais, mes chers collègues, il n’y a pas que la transgénèse qui est la cible de ces idéologues, il y a aussi les ondes de radiotéléphonie mobile, les vaccins ou les nanotechnologies, et pour chacun de ces domaines la remise en cause des vérités scientifiques admises a des conséquences paradoxales graves voire mortelles.

  Ainsi, réduire la puissance d’émission des antennes de radiotéléphonie mobile entraîne une émission beaucoup plus forte du téléphone portable lui-même et, par conséquent, une exposition plus importante de l’utilisateur. Admettez que c’est paradoxal ! Heureusement, à ce jour, aucun effet délétère sur la santé de ces ondes, telles qu’elles sont mises en œuvre, n’a été démontré scientifiquement. De même, la polémique, il y a plus de vingt ans, autour de la vaccination contre l’hépatite B, sans qu’aucune étude scientifique au monde ne l’ait depuis justifiée, a entraîné un abaissement du taux de couverture vaccinale de la population. Les Français sont donc aujourd’hui plus souvent que les autres Européens victimes de complications aiguës ou chroniques de l’hépatite qui, dans certains cas, peuvent être graves voire mortelles.

Ne doutons pas que la polémique récemment orchestrée autour du vaccin contre le cancer du col de l’utérus aura les mêmes effets sur le taux de couverture vaccinale et donc sur la morbidité et la mortalité par cancer du col de l’utérus.

Quant aux nanotechnologies, leurs contempteurs, qui se sont opposés violemment au déroulement du débat public organisé par le gouvernement Fillon, procèdent de la même façon par amalgames. Pourtant, je suis certain que lorsque l’un de ces opposants souffrira d’un cancer, ce que je ne saurais lui souhaiter, il acceptera sans protester les bénéfices remarquables que les nanotechnologies apportent à ces traitements comme à tant d’autres d’ailleurs.

 

Monsieur le ministre, mes chers collègues, au-delà de cette proposition de loi, ne croyez-vous pas qu’il est temps de retrouver un peu de bon sens et qu’au pays des Lumières, de Pasteur et de Joliot-Curie, nous ne devions dépasser nos différences politiques pour nous retrouver autour d’une volonté commune pour la recherche, l’innovation, bref l’utilisation du génie humain au profit du progrès ? L’histoire de l’humanité, comme la réussite de notre beau pays, en sont l’heureuse conséquence. Au-delà de l’inconstitutionnalité de cette proposition de loi que ne manquerait pas de sanctionner le Conseil constitutionnel, c’est aussi pour cela que je vous invite à voter cette motion de rejet préalable. 

 

(NDLR. J’ai supprimé les nombreuses petites interventions d’autres députés pendant cette remarquable analyse de M. Accoyer)

 

CITATION 2

  — Mme BRIGITTE ALLAIN. Cet amendement a pour objet de substituer aux mots « des variétés de maïs génétiquement modifié » les mots « de plantes génétiquement modifiées (… ) ». Je vous remercie, monsieur le président de la commission du développement durable, d’avoir rappelé que nous avions déposé une proposition de loi qui allait dans ce sens. Je vous remercie également d’avoir rappelé que c’est d’abord et avant tout un choix de société : quelle agriculture voulons-nous ? Quelle agriculture pour quelle alimentation ? Voilà le problème de fond !

Je ne reviendrai pas sur tout ce qui a été dit cet après-midi. Cela étant, chers collègues, je vous ai attentivement écoutés : vous n’avez cessé d’évoquer les « OGM », les « plantes OGM » – et quelquefois seulement, vous avez parlé du « maïs » : c’est restrictif, car cela ne concerne pas que le maïs. Allons-nous faire une loi pour chaque plante OGM ? Compte tenu de ce que j’ai entendu, je pense que vous ne pouvez qu’adopter le présent amendement, car sinon ce serait incompréhensible. 

 

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28 avril 2014 1 28 /04 /avril /2014 08:59

Graines et produits dérivés de plantes génétiquement modifiées sont importés massivement en Europe et en France. Les cargos arrivent en provenance des Amériques et livrent chaque année plus de 40 millions de tonnes de maïs et de soja sous forme de graines ou de tourteaux, dont 10 % à destination de la France. Sans ce soja, source de protéines pour notre élevage, adieu veaux, vaches, cochons, couvées…

En toute logique, si ces importations sont autorisées, c’est que les produits en question sont considérés comme aptes à être consommés. Et pourtant ces mêmes produits sont interdits à la culture en France ou, plus exactement, il existe un consensus politique pour interdire la culture de maïs transgénique en France qui culmine avec la mise en place d’un moratoire en 2008. La dernière étape de ce feuilleton étant le vote de l’Assemblée nationale du 15 avril demandant l’interdiction de la culture du MON 810.


CHERCHEZ L'ERREUR

Rappelons tout d’abord qu’aucune démonstration, statistiquement solide, tirée de la littérature scientifique, ne vient à l’appui de la toxicité de variétés de maïs, issues de MON 810, sur rats ou souris de laboratoire. En toute logique, si ces OGM sont consommables mais pas cultivables, c’est que leur culture devrait entraîner des risques particulièrement élevés sur l’environnement mais pas sur la santé des consommateurs.

Examinons cette proposition au travers des tribulations du seul OGM cultivé actuellement en Europe (environ 100 000 hectares dans cinq pays de l’Union européenne). Ce maïs MON 810 produit une protéine, issue de Bacillus thuringiensis, qui permet de lutter spécifiquement contre les ravageurs que sont les chenilles de papillons (sésamie et pyrale).

 Dans notre douce France, plusieurs arguments sont avancés pour justifier cette interdiction. Le premier affirme que rapidement, la résistance de ce maïs sera contournée par ces ravageurs, ce qui n’a pas été observé après quinze ans de culture en Europe. Remarquons que pour deux espèces d’insectes ravageurs, sont apparues aux Etats-Unis, des résistances au biopesticide à base de Bacillus thuringiensis, sans que cela fasse l’objet d’un moratoire sur leur utilisation en agriculture biologique, en France ou en Europe. Le second est que certaines chenilles d’autres papillons se nourrissant sur des plantes au voisinage des champs cultivés en M0N 810 pourraient ingérer en même temps des grains de pollen issus de ces maïs et par là même être intoxiquées.


JOUER SUR LES ROTATIONS DES CULTURES

C’est le retour dans l’actualité du « syndrome du papillon Monarque » apparu aux Etats-Unis en 1999 et recyclé en Europe par un article théorique en 2013 à propos du papillon « Paon du jour ». Oui, théoriquement, ces deux risques existent mais ils sont infimes puisqu’ils n’ont pas été repérés aux champs après quinze ans de culture dans les pays européens autorisant la culture du MON 810. Rappelons que dans une population d’insectes, il existe toujours de rares individus portant une mutation qui ne se révèle que lorsqu’une molécule toxique élimine les individus sensibles à cette molécule. Si cette pression de sélection s’exerce en permanence année après année sur les mêmes parcelles cultivées, ce type de résistance est sélectionné. Cela est arrivé aux Etats-Unis après plusieurs années de monocultures de maïs Bt.

Pour minimiser ce risque, c'est-à-dire pour ralentir l’apparition de ce type de résistance chez les insectes ravageurs, fut mis en place un plan de gestion qui réservait 20 % de la surface cultivée en maïs non OGM (zone refuge). Ce refuge permet aux insectes résistants de se multiplier sans être soumis à la pression de sélection de la protéine Bt. Cela permet de maintenir, dans la population d’insectes, les individus sensibles à un niveau élevé et à maintenir les individus résistants à un niveau très bas. L’apparition d’insectes résistants indique que cette précaution est insuffisante. Il faut donc jouer sur les rotations des cultures, tenir compte de la fréquence de résistance dans la population de ravageurs et du type de résistance des insectes (résistance dominante ou pas) pour diminuer ce risque.


S’INSPIRER DE L’EXEMPLE AUSTRALIEN

C’est ce que l’expérience de la culture du coton Bt en Australie nous enseigne. Avant de mettre le coton Bt en culture à grande échelle, les autorités australiennes ont évalué ces différents paramètres en expérimentant au champ une gestion adaptative des risques avec des zones refuges allant jusqu’à 70 %. Dans ces conditions, la fréquence des individus résistants fut contrôlée. 

Ne pourrait-on, en France, s’inspirer de l’exemple australien afin d’évaluer effectivement les risques pour l’environnement et les risques socio-économiques, et les comparer aux risques courus en cultivant classiquement des variétés de maïs? A-t-on les moyens d’évaluer ces risques ? Oui, car la puissance publique a mis en place les outils nécessaires pour encadrer cette culture : le Comité de surveillance biologique du territoire (CSBT) permet le suivi des effets intentionnels et non intentionnels de ces cultures. Le Haut Conseil des biotechnologies (HCB) a proposé des approches pour permettre la culture sur un même territoire de variétés conventionnelles et génétiquement modifiées tout en respectant les itinéraires de culture biologique et conventionnelle. De même est paru le décret relatif à l’étiquetage des denrées alimentaires issues de filières qualifiées « sans OGM ».


« OGM INTELLIGENTS »

Tout est en place, mais tout est bloqué, alors que ce MON 810 permet une culture qui diminue l’usage d’insecticides, protège indirectement les cultures de maïs avoisinantes contre ces mêmes ravageurs, diminue indirectement la prolifération du champignon Fusarium produisant des mycotoxines cancérigènes, augmente indirectement le rendement et la biodiversité d’insectes dans les champs cultivés, sans effets sur les abeilles. Bref, MON 810 pourrait être rangé selon certaines personnes dans la catégorie des « OGM intelligents » quand d’autres le diaboliseraient.

Le point délicat en France, pour de nombreuses organisations anti-OGM est la labellisation des produits ne contenant pas d’OGM. C’est important pour certaines filières. Pour résoudre cette question, il est tout à fait possible que des agriculteurs de régions où sévissent les ravageurs, principalement dans le sud-ouest de la France et en Alsace puissent se concerter avec les apiculteurs pour mettre en place ce type de culture. Dans ces deux régions, il devrait être possible de trouver de façon pragmatique des organisations agricoles et apicoles prêtes au dialogue pour évaluer sur le long terme l’introduction de ce type de culture dans un agro-écosystème. Il n’est pas interdit d’imaginer qu’une telle proposition « naïve » puisse un jour prochain se réaliser sous l’égide des pouvoirs publics. Pour mettre à l’épreuve cette proposition, encore faudrait-il autoriser la culture du MON 810, culture autorisée en France en 2006 sur 5 000 hectares, puis en 2007 sur 22 000 hectares environ.


Jean Jacques Leguay (directeur de recherche du CNRS à la retraite). 

Publié par LE MONDE SCIENCE ET TECHNO | 21.04.2014

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