English version here (Greenpeace crying censorship? Please…)
Par Max Miller (trad. MK)
Une querelle au sujet d’une censure a éclaté entre Greenpeace et le gouvernement indien après que Ben Hargreaves, un représentant de Greenpeace, a été bloqué par des fonctionnaires de l'immigration à l'aéroport de Delhi et renvoyé au Royaume-Uni en dépit d'un visa en cours de validité.
L'expulsion de Hargreaves fait suite à l'interdiction par le gouvernement indien en juin des transferts de dons de Greenpeace International à Greenpeace Inde. Cela est survenu après la fuite d’un rapport des services de renseignement indiens considérant Greenpeace comme «une menace pour la sécurité économique nationale», en estimant que ses campagnes de protestations contre les centrales nucléaires et au charbon auraient été à l'origine d'une réduction annuelle du PIB de l'Inde jusqu’à trois pour cent.
Les responsables de Greenpeace sont furieux de ce qu'ils appellent une «répression systématique» de leurs activités en Inde. Samit Aich, directeur exécutif de Greenpeace Inde, a déclaré au Guardian : «Nous avons vu depuis quelques mois un clair mouvement visant à saboter le travail de Greenpeace en Inde par divers moyens ».
Alors que les actions du gouvernement sur les groupes qui sont en désaccord avec lui devraient être une préoccupation pour tous ceux qui chérissent la liberté d'expression, Greenpeace n’est pas le mieux placé pour se plaindre à ce sujet. Il a longtemps été connu pour son allergie au débat et sa propension à réduire au silence et à discréditer ses propres critiques plutôt que d'engager le dialogue avec eux. En février 2014, Greenpeace a lancé une pétition demandant au Premier ministre britannique David Cameron d’évincer son alors ministre de l'Environnement Owen Paterson, parce qu'il a questionné certaines allégations sur le changement climatique. En juillet, Greenpeace a été l'une des huit ONG, qui ont appelé le président élu de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, à supprimer le rôle de conseiller scientifique en chef du président de la commission parce que le titulaire, Anne Glover, était un partisan des cultures génétiquement modifiées.
Il est difficile de ne pas avoir quelque sympathie pour la position du gouvernement indien sur Greenpeace. Non seulement l'ONG s’évertue à contrecarrer le progrès industriel qui pourrait contribuer à sortir l’Inde de la pauvreté, mais elle reste aussi une institution non élue qui exerce pourtant une grande influence dans les affaires mondiales. Néanmoins, la censure n'est jamais la réponse à des problèmes politiques. Et c'est une leçon que Greenpeace, ainsi que le gouvernement indien, devraient apprendre.
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