Les maïs Bt s’autodéfendent contre des insectes ravageurs grâce à un principe actif, une protéine, dérivé de la bactérie Bacillus thuringiensis et largement utilisé comme insecticide naturel. La présence de produits dérivés des maïs Bt dans les environnements aquatiques est connue.
En 2007, Douville et coll. ont mesuré la persistance de l’ADN dans des eaux de surface. Celle-ci est identique pour l’ADN transféré dans le maïs Bt que celle de l’ADN de Bacillus thuringiensis. Des traces de l’ADN transgénique (de 0 à 0,0000005 nanogramme/litre) ont été trouvées dans une rivière à 82 km d’un champ (à noter que ces eaux contiennent par ailleurs 0,30 nanog/l d’autres ADN).
En 2005, Douville et coll. ont mesuré les niveaux de la protéine insecticide et ont trouvé que celle de maïs disparaissait plus vite des eaux de surfaces que celle de Bacillus thuringiensis. Les quantités détectées étaient faibles.
En septembre 2010, Tank et coll. ont étudié le phénomène à plus grande échelle dans des eaux à proximité des champs de maïs Bt (63% du maïs sont de type Bt aux Etats-Unis) et ont trouvé une présence faible mais fréquente de la protéine insecticide. Les auteurs ne concluent pas à une toxicité pour les organismes aquatiques.
A noter qu’en 2007, ce laboratoire (Rosi-Marshall et coll.) avait publié un article alarmiste quant à l’impact sur des insectes aquatiques (trichoptères) et s’était attiré des commentaires critiques (1 ; 2 ; 3) car la toxicité observée lors de nourrissage forcé en laboratoire n’était pas démontrée en milieu naturel. Les auteurs n'ont d’ailleurs, ultérieurement, observé aucun effet dans les milieux aquatiques aux abords des champs (4 ; 5 ; 6).
Pour être complet :
En 2010, Jensen et coll. ont étudié l’impact sur des organismes aquatiques vivant dans des fossés de drainage en bordure de champ de maïs et n’ont pas trouvé d’effet sur les trichoptères. Ils ont observé un effet négatif sur la croissance d’un insecte (tipule) et une mortalité plus forte pour un crustacé isopode, mais cela semble lié aux variétés de maïs et non à la protéine insecticide.
En 2010, Wolt et Peterson ont comparé les concentrations estimées de la proteine insecticide et les seuils à risque pour les organismes aquatiques et conclu que dans 99% des cas il n’y avait pas de motifs d’inquiétude.
A noter aussi : l’activité de décomposition des résidus de plantes par des organismes aquatiques est importante pour les écosystèmes aquatiques. En 2009, Swan et coll. ont montré que cette activité n’était pas altérée par les maïs Bt, mais pouvait l’être par d’autres facteurs comme les nutriments disponibles dans le milieu.
En conclusion : des débris de maïs se retrouvent dans des milieux aquatiques aux abords des champs. La protéine insecticide des maïs Bt y est aussi présente, sans que l’on ait constaté des effets sur des organismes aquatiques qui justifieraient un quelconque alarmisme. Deux raisons principales à cela : les faibles quantités présentes et la sélectivité de la protéine pour certains insectes. Les études vont se poursuivre.